On a souvent ironisé sur le personnage d’Harry Klein, l’adjoint de Derrick, en lui prêtant un rôle très subalterne se limitant à « aller chercher la voiture » comme rappelé dans l'article précédent consacré à celui-ci, selon l’expression que l’imagerie populaire prêtait à son supérieur, au point d’en faire le titre de l’ouvrage allemand consacré à la série dont la couverture a été reproduite dans l’article introductif du présent site. Ce raccourci facétieux s’avère caricatural dans la mesure où si Klein occupait rarement le premier plan dans les investigations de l’enquêteur munichois, il y était néanmoins associé et se voyait confier des lignes de dialogues assurant la répartie à son collègue.
Cette fonction d’utilité était plutôt dévolue à un second assistant de Derrick, appelé à devenir une figure récurrente, Berger, qu’incarne Willy Schäfer à partir de 1975, la seconde année de la série, alors que deux autres policiers du commissariat ont fini par disparaître au cours des épisodes, leur rôle n’étant pas conservé – l’un des interprètes, Günter Stoll dans le rôle de Schröder, étant d’ailleurs décédé, tandis que le second, Echterding joué par Gehrard Borman, disparaît du champ. Pour sa deuxième apparition dans la série, Willy Schäfer se vit cependant confier le rôle d’un personnage secondaire, Monsieur Schulz, à l’occasion de l’épisode La Tentation (Hoffmann Höllenfahrt), avant de réintégrer par la suite l’équipe de policiers munichois.
C’est donc Willy Schäfer qui se trouve principalement investi de la charge de personnifier l’équipe attachée au commissariat dirigé par Stefan Derrick. Il représente cependant plus qu’une silhouette s’activant à l’arrière-plan. Non seulement son patronyme est connu puisque Derrick le nomme Berger lorsqu’il le sollicite, mais par la suite, Fritz Wepper l’humanisera davantage en prenant l’initiative de l’appeler par le vrai prénom de l’interprète. A titre exceptionnel, Berger remplit la fonction de Klein lorsque ce dernier est blessé par balle au tout début de l'enquête dans l'épisode Le photographe et contraint à six semaines d'arrêt de travail.
L'inspecteur Derrick peut compter sur le concours d'assistants particulièrement investis comme Berger, un subalterne toujours fiable et empressé.
Si Willy Schäfer n’a pas beaucoup de visibilité à l’écran, ce n’est pas que la production mette en doute sa compétence d’acteur, mais en raison de la volonté de l’interprète, un doubleur qui, exactement comme Wolfgang Kieling, l’acteur qui incarne le tueur du pilote de la série en 1974, Le chemin à travers bois (Waldweg), éprouve des difficultés à mémoriser ses dialogues et ne se sent à l’aise que lorsqu’il a le texte à sa disposition. Né le 6 mars 1933 à Sarrebruck, fils d’un directeur de banque, Willy Schäfer a appris le français lorsque la Sarre était occupée à la suite de la signature du Traité de Versailles qui mit fin à la Première Guerre mondiale. Il suivit les cours à l’école d’art dramatique Max Reinhardt de Vienne, y côtoyant notamment l’acteur Klaus Löwitsch dont il demeura l’ami et qui tourna également dans la série Inspecteur Derrick. Parmi les doublages auxquels il contribua figurent la version allemande du film américain d’épouvante L’Exorciste (The Exorcist) ainsi que Le Bateau (Das Boot), le film qui fit connaître internationalement le réalisateur allemand Wolfgang Petersen (L’Histoire sans fin (Neverending Story), Enemy Mine, Alerte) dépeignant la vie dans un sous-marin allemand de la Seconde Guerre mondiale, avec tout ce que cela comporte à la fois de tragique et de dérisoire. Marié depuis 1960, Willy Schäfer vivait à Munich où il s’est éteint le 6 mai 2011.
Aussi ténu que soit son rôle, les apparitions récurrentes de Willy Berger ne sont pas inutiles. Son personnage rend en effet possible les ellipses, puisqu’il effectue hors champ des investigations, des vérifications voire des interrogatoires afin de rapporter des éléments qui servent à progresser vers la résolution de l’enquête, permettant ainsi de ne pas s’appesantir sur des éléments d’intérêt secondaire comme la vérification d’un alibi, de sorte que l’histoire puisse se concentrer sur ses éléments essentiels, les déductions de l’Inspecteur Derrick et une attention portée à l’aspect psychologique du drame au centre duquel se trouvent impliqués les protagonistes concernés par l’affaire criminelle constituant le sujet de l’épisode.
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