mercredi 9 juillet 2025

CHOC : UNE LECON DE MORALE IMPLACABLE


Alfred Recke (Vadim Glowna), un criminel qui s'expose à bien des épreuves dans l'épisode Choc.

     L’épisode Choc (Schock) débute par une banale tentative de vol d’une automobile luxueuse convoitée par un réseau de trafiquants. L’entreprise malhonnête est interrompue par l’irruption inopinée de son propriétaire, le Docteur Schöller (Dieter Eppler) qui prévoyait de passer la soirée à l’extérieur avec son jeune fils (Jörg Matthias Förster). Un des deux malfaiteurs, Alfred Recke (Vadim Glowna, un acteur également connu en tant que scénariste et réalisateur), totalement dépourvu de sang-froid comme on le comprend dès les premières répliques au cours desquelles son patron communiquant par téléphone l’avertissait qu’il risquait de se passer de ses services pour cette raison, abat le notable quand celui-là se met à le menacer de poursuites judiciaires.


Un voleur trop nerveux fait d'une tentative de vol un drame.

        Si le meurtrier ressort éprouvé de la séquence, ce n’est pas tant qu’il est tenaillé par son acte, à la pensée de l’existence qu’il a supprimée ou de la perte et de la tragédie que devra endurer le fils, même si son propre enfant a été privé de son père durant son ancienne incarcération, qu’en raison de sa peur d’être arrêté et de devoir retourner en prison. En dépit de l’obscurité, l’enfant, bien que tétanisé au point de s’enferrer dans un mutisme complet imputable à l’ampleur du traumatisme que ne peut que se borner à constater le Docteur Heimweg (Konrad Georg), pourrait être en mesure ultérieurement d’identifier celui qui a enlevé la vie à son seul parent – sa mère étant décédée quelques années auparavant, puisqu’il fait un signe de tête affirmatif à la question que lui a posée Derrick à ce sujet.


Un enfant qui peine à surmonter l’horreur de la mort de son père sous ses yeux, remarquablement interprété par Jörg Matthias Förster, d’autant plus touchant par son visage angélique concrétisant l’innocence foudroyée, que tente de réconforter sa belle-mère Helga Hoffmann (Christine Wodetsky) et la psychologue Renate Konrad (Johanna von Koczian), en bas, amie de Derrick. Le petit Schöller sera bientôt choqué par un nouveau drame.

Le chef des malfrats, Lussek (Dirk Galuba), est furieux de l'acte inconsidéré de son subordonné mais s'enquiert aussitôt de l'âge du témoin afin de savoir si celui-ci pourrait être en mesure de coopérer avec la police.


L’épisode Choc est particulièrement tragique mais comporte aussi deux brefs moments humoristiques. Dans le premier, les malfaiteurs Hiebler et Recke font irruption dans le bureau de leur patron par l’entrée dissimulée dans un placard, trahissant le passage secret, en suscitant l’ire de Lussek qui est en train d’être questionné par le policier Derrick, et finalement, ce dernier se dirige vers le meuble au moment de la sortie, suscitant la gêne du maître des lieux qui le refrène en lui disant que cet accès est limité à un usage privé. Plus tard, lorsque la police a ordonné à tous les employés de se rassembler autour du comptoir à fin d’identification par la compagne du Docteur Schöller, l’adjoint Klein balance sans hésiter une boule de billard sur le groupe pour les forcer à se tourner vers eux.


Madame Recke (Karin Baal) trouve que son époux rentre bien tard et se demande ce qu'il essaie de lui cacher.

        Lussek (incarné par Dirk Galuba pour la première de ses nombreuses apparitions dans la série), qui a lui aussi été incarcéré quelques années plus tôt pour des activités illicites, est également soucieux du risque que représente pour lui le principal témoin en dépit de son jeune âge, redoutant que la police parvienne à remonter jusqu'à lui en sa qualité d’organisateur du trafic de véhicules, de surcroît parce que Recke est officiellement employé dans son établissement de débit de boissons au titre de la couverture légale de ses activités. On peut d’ailleurs s’étonner que Derrick d’ordinaire si prudent ne fasse pas protéger son seul témoin, d’autant que la presse ayant publié l’adresse de la maison de la victime où demeure l’enfant avec sa belle-mère, Lussek n’a même pas à demander l’information au coupable – dans un épisode de la 17ème saison, La paix intérieure (Keine Ende in Wohlgefallen), ni l’assassin suspecté, désireux de venger sa sœur suicidée après un viol collectif, ni la prochaine victime du justicier (également jouée par Dirk Galuba) ne sont davantage surveillés par la police en dépit de ce qu’annonce l’inspecteur munichois.



Recke confie à sa femme qu'il se sent en sursis, persuadé que son geste inconsidéré va le faire retomber sous la coupe de la justice et de son administration pénitentiaire.

        À défaut de pouvoir requérir l’aide du jeune Ralf Schöller encore trop ébranlé par son expérience pour être interrogé par la police, l’Inspecteur Derrick se résout à fait appel à la compagne du défunt, Helga Hoffmann (Christine Wodetzky), pour qu’elle passe en revue l’ensemble des subordonnés de Lussek qu’il soupçonne d’être le commanditaire associé à la tragédie. Cependant, en raison de la distance qui la séparait du tueur lors de la soirée fatale, celle-là étant demeurée sur le porche, elle ne peut raisonnablement identifier le coupable lors de la confrontation organisée par la police, en dépit de l’insistance de l’enquêteur qui lui demande de regarder Recke de plus près. La fébrilité manque cependant de trahir le meurtrier, suscitant sitôt la police partie la vive colère de Lussek qui l’accuse de s’être trahi, notamment en ayant blêmi. Effectivement, l’Inspecteur Derrick a acquis la certitude que l’homme s’efforçant de dissimuler sa nervosité est bien le responsable de la mort du Docteur Schöller.


Madame Hoffmann ne peut certifier que Recke est bien le responsable du coup de feu fatal, ce qui désole l'inspecteur Derrick.


Hiebler (Jürgen Draegen), le partenaire de Recke, tient crânement tête à Derrick, pourtant il vient de prêter son concours à une abominable manigance de son patron.

Lusek reproche à Recke d'avoir laissé transparaître sa peur lors de la confrontation avec la police.

Le malfaiteur rattrapé par sa propre responsabilité

        Sentant l’étau se resserrer autour de lui, le tenancier et trafiquant de voitures a non seulement organisé un faux vol de voiture de marque BMW pendant que tous ses employés étaient convoqués, de manière à les dédouaner aux yeux des policiers de ces activités même si Derrick n’est pas dupe, mais il engage aussi un homme de main, Kerrak (Michel Jacot), prêt à appliquer sans discuter ses pires ordres, afin qu’il élimine l’enfant, demandant au complice de Recke, Hiebler (Jürgen Draegen) qu’il lui indique un raccourci pour se rendre rapidement à l’adresse des Schöller, et le tueur se met aussitôt en quête de sa victime. La cruelle ironie de l’histoire est que l’orphelin n’habite pas très loin du domicile du meurtrier et la femme d’Alfred Recke (Karin Baal) ayant poussé leur fils qui est du même âge, Heinz (Alexander Hertel), à le rencontrer afin de lui soutirer des informations quant à ce qu’il pourrait savoir de l’implication de son mari, celui-là lie connaissance avec le petit Schöller et lui propose de l’aider à réparer son vélo ; c’est à ce moment que le tueur missionné par Lussek fait irruption dans la remise attenante à la demeure du médecin tandis que les deux enfants sont un court instant séparés, et qu’il étrangle le petit Recke à la place de la cible prévue, aboutissement inévitable de ce terrible enchaînement.


Nous sommes très loin de l'armoire magique de Narnia dans Choc puisque du passage dérobé dans le meuble surgit Kerrak, un tueur sans scrupule missionné par Lussek.

Très bref moment de camaraderie entre les deux enfants qu'encadrent deux drames effroyables, un fils de bonne famille et l’enfant d’un criminel, deux innocents emportés dans un même chaos dévastateur.




Kerrak (Michel Jacot) fonce sur sa proie et étouffe le petit Heinz Recke (Alexander Hertel), une scène d'horreur qui a pu choquer les téléspectateurs allemands et peut-être susciter une réaction de politiques comme il en sera question dans un dossier qui sera prochainement mis en ligne à propos d'un acteur.

        Après avoir appris par sa femme que son fils se trouvait dans la demeure des Schöller, Alfred Recke part le rechercher, craignant que sa présence y paraisse suspecte. Le malfaiteur ne semble cependant pas préoccupé par l’affirmation pourtant lourde de conséquences de Lussek selon laquelle son acolyte n’a « plus rien à craindre », songeant sans doute simplement à l’échec de son identification lors de la confrontation avec Madame Hoffmann. Appelé sur les lieux du drame, l’inspecteur Derrick annonce à Recke, qui a aussitôt reconnu le vélo de son fils, la mort d’un enfant que le malfrat découvre être le sien et que le policier devine avoir été assassiné par erreur. Recke est dévasté, les seules valeurs auxquelles il adhérait étaient son attachement à sa famille. Alors que le fils de sa victime vient à sa rencontre et le fixe du regard, le malfaiteur brisé lui dit qu’il peut l’identifier à présent, avouant ainsi publiquement être le responsable de la mort de son père.


Alfred Recke découvre à son tour la douleur que représente la perte d'un proche, bientôt rejoint par le fils de sa victime qui le dévisage intensément.

        Alfred Recke n’a plus de raison de ne pas coopérer avec la police et, aspirant à ce que l’assassinat de son enfant ne demeure pas impuni, indique le repaire où son employeur organise le maquillage des voitures volées. Au cours des échanges nourris de coups de feu entre policiers et truands qui s’ensuivent, le repenti quitte précipitamment la voiture de l’inspecteur où celui-là lui avait demandé de demeurer, gagne les entrepôts et s’interpose devant Lussek juste au moment crucial pour protéger Derrick, prenant une balle fatale à sa place.



Derrick assiste Recke dans ses ultimes instants.

        Choc démontre de manière implacable comment la criminalité peut aboutir à une épouvantable spirale. Lussek craignait de retourner en prison pour le trafic de voitures volées, alors même qu’il n’était pas directement responsable du meurtre du Docteur Schöller commis par un de ses comparses. Au lieu de demander au coupable vertement réprimandé d’assumer son acte en se dénonçant, d’autant que celui-là lui avait promis que s’il était appréhendé, il ne révélerait pas son implication dans l’affaire, Lussek n’a pas hésité pour éviter d’être arrêté à commanditer froidement l’assassinat du petit garçon susceptible de l’amener en prison, puis il a tenté d’abattre un policier pour échapper à son arrestation, ce qui a abouti à un homicide involontaire sur son comparse. Il endurera donc une condamnation bien plus sévère que celle qu’il encourrait en tant que simple chef d’un réseau de voleurs de voitures. Quant à Recke, sa participation à cette activité malhonnête ayant abouti à son acte irréfléchi qui a fait de lui un meurtrier, elle s’est traduite par une descente aux Enfers, d’abord la crainte d’être arrêté, puis sa tétanisation de peur d’être identifié lors de la confrontation (épreuve que sa femme estime n’être « pas cher payé » si les choses devaient en rester là), la découverte de l’assassinat de son jeune fils, puis enfin la perte de sa propre vie. Choc n’est d’ailleurs pas le seul épisode dépeignant un aussi terrible engrenage, même chez des êtres qui n’étaient pas prédestinés à devenir des criminels, comme on le verra à propos des épisodes Un triste dimanche et Le meilleur de la classe.

Pour avoir voulu dissimuler à tout prix ses affaires illicites, Lussek a tout perdu et il se passera vraisemblablement un temps très long avant que ce grand fauve puisse de nouveau humer l'air frais à l'extérieur.

       Dans un dernier souffle, Alfred Racke mourant implore l’Inspecteur de transmettre son message :« Vous direz à ma femme que je vous ai sauvé la peau », concrétisant ainsi sa rédemption in extremis. Le malfaiteur réalise très tardivement, une fois qu’il a éprouvé à son tour les méfaits du Mal auquel il a pris part, qu’il s’était placé du mauvais côté et, après avoir ôté une vie humaine, offre la sienne pour sauver celle d’un homme attaché à établir la justice.


Alfred Recke s'est rangé du côté de la justice à la toute fin de sa vie après avoir subi lui-même les ravages du Mal.

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lundi 12 mai 2025

LE RÔLE DE SA VIE : UN JEU QUI FINIT MAL



Martin Theimer (Franz Boehm), assis, un acteur oublié qui connaît un retour de fortune lorsque le réalisateur Robby Bracht (Peter Bongartz) le choisit finalement comme vedette de son nouveau film, "Le chant du cygne" (en version originale Das Ende der Dinge, soit "La fin des choses").

    Le rôle de sa vie (Die Rolle seines Lebens) est un titre signifiant, puisque le rôle en question désigne non seulement celui qui doit permettre à un acteur sur le retour de relancer sa carrière, mais de surcroît, le personnage revenu de tout, déterminé à élucider la mort de sa fille victime d’un proxénète (une intrigue qui s’apparente d’ailleurs à la trame de l’épisode ultérieur Judith, mais avec une mère de famille comme protagoniste en quête de vérité), qu’il est amené à incarner renvoie directement à la vie réelle de son interprète s’efforçant de reprendre sa carrière après la période moins faste qui l’avait entraîné dans la déchéance de l’alcoolisme. Ce qui aurait pu demeurer anodin entre des mains moins expertes prend toute sa force dans cette intrigue linéaire mais irrésistible.

    On suit donc dans cet épisode le parcours d'un acteur, Martin Theimer joué par Franz Boehm, de sa déchéance jusqu'à sa réhabilitation, puis finalement au dénouement tragique. Celui-là est convaincu que Mischa Kranz (Karl-Heinz Vosgerau) n’est pas l’incarnation idéale pour le rôle principal de l’adaptation du roman « Le chant du cygne », expliquant au journaliste de cinéma Helmut Bossner (Edwin Noël) que « Kranz fait du Kranz » dans tous ses films – en France, Alain Delon disait à ce sujet être un acteur et non un vrai comédien, car tous les réalisateurs lui demandaient simplement d’ "être Delon à l’écran", alors que Martin Theimer affirme quant à lui être capable de s’approprier pleinement le rôle, de donner réellement corps au personnage du roman en lui apportant le ressenti de sa propre expérience d’homme déchu.


Dorénavant sobre, Martin Theimer (Franz Boehm) prend avec résolution le chemin des studios, résolu à y reprendre sa place, et il est sur son chemin reconnu par un journaliste spécialisé dans le cinéma, Helmut Bossner (Edwin Noël).


Theimer s'attache à convaincre le reporter qu'il est l'interprète parfait pour une production sur le point de débuter, estimant que l'acteur retenu ne peut pas se prévaloir autant que lui-même des qualités nécessitées par le rôle.

    Franz Boehm – dont c'est l'unique participation à la série Inspecteur Derrick,  rend parfaitement la personnalité de son incarnation, personnage à la fois désabusé mais non dépourvu d’une certaine dignité en dépit des dires des détracteurs convaincus qu’il est fini et n’a plus rien à faire sur un plateau de tournage. On assiste d’abord à sa déconvenue lorsqu’il tente de convaincre le réalisateur Robby Bracht (Peter Bongartz) de lui confier le rôle qui lui paraît tant faire écho à son propre destin, ce que semblerait pouvoir entendre le cinéaste, mais le producteur Roland Scholler (Erich Halluber, ange exterminateur de l’épisode Un homme en trop – voir l'article de septembre 2023, ici méconnaissable avec sa coiffure frisée) y oppose un refus résolu, sa réputation l’ayant fait bannir des studios et le rôle étant de toute manière déjà attribué et le contrat signé avec le célèbre Mischa Kranz. Le plaideur va jusqu’au bout de sa démarche quelque peu pathétique lorsque, comme on l’apprendra par la suite, il téléphone à l’acteur retenu pour le supplier de renoncer en sa faveur ; ce dernier le juge pitoyable et le renvoie sans état d’âme à son triste sort.


Misha Kranz (Karl-Heinz Vosgerau), un acteur tout auréolé de sa gloire, qui ne se montre guère disposé à céder sa place à son rival malheureux qui demande à être entendu à l'occasion d'une réunion de préproduction.

Kranz ne doute pas de pouvoir exceller dans le rôle principal du film "Le chant du cygne", bien que le réalisateur Robby Bracht (Peter Bongartz) paraisse un peu moins enthousiaste à la réflexion.


Theimer s'efforce de convaincre de modifier in extremis la distribution, mais il arrive trop tard, le projet est finalisé et en dépit de son plaidoyer, le producteur exécutif Richard Scholler (Erich Halluber) n'est prêt à concéder au requérant qu'un petit rôle complémentaire.

Alors qu'il répond au journaliste sur ses projets de carrière, l'acteur consacré ne peut s'empêcher de désigner avec condescendance Martin Theimer revenu à la cantine tandis que celui-ci reçoit des marques de sympathie du chauffeur du studio et ancien camarade de beuverie.

Lydia Theimer (Sonja Sutter), l'épouse de l'ancien acteur, est révoltée que celui-là n'ait pas réussi à obtenir le rôle qui lui revient selon elle de droit, et elle lui reproche de ne pas s'être montré plus insistant.

L'acteur engagé, Misha Kranz, relate au journaliste Bossner avec une hilarité goguenarde l'appel suppliant qu'il vient de recevoir de Martin Theimer afin qu'il lui laisse la place, lorsque quelqu'un sonne à son domicile.

    C’est alors que la mort soudaine de la vedette engagée, victime d’un assassinat, lui rend l’espoir de pouvoir postuler pour le film. Quelque peu désarçonné par la disparition qui le laisse sans interprète principal, le producteur finit par se laisser gagner par le plaidoyer du réalisateur Robby Bracht convenant que cet homme éprouvé et suppliant correspond effectivement bien à ce qu’on se peut se représenter du personnage principal. L’acteur sur le retour s’avère lors de la réalisation des scènes combler toutes les attentes, incarnant le rôle avec une grande véracité. 

Misha Kranz n'imaginait pas que sa prochaine et ultime apparition sur la pellicule serait la photo de son corps prise par le service de l'identité judiciaire.

Le réalisateur du "Chant du cygne" apprend qu'il vient d'être privé de son interprète principal.

    Pendant ce temps, l’Inspecteur Derrick ne cesse de s’interroger sur ce soudain renversement de situation, et ne tarde pas à suspecter que Martin Theimer ne soit pas étranger à l’élimination de son concurrent, laquelle lui a de fait si opportunément rendu la possibilité de revenir sous les projecteurs. Sa suspicion ne faiblit pas, et il resserre l’étau psychologique en étant présent sur le tournage et en questionnant sa famille. La situation prend la tournure d’une tension implicite entre la réhabilitation de Theimer, dont la confiance lui revient tandis qu’il éblouit l’assistance par sa prestation, et la volonté farouche du policier munichois d’y mettre un terme par la découverte de la preuve qui lui permettrait enfin de l’incriminer pour homicide. L’épouse (Sonja Sutter) encourage son mari, ravie d’assister à sa renaissance, au côté de sa fille (Rosita Schreiner) et de son petit ami (Pierre Frankh), avant qu’un acteur au rôle patibulaire lui donne la réplique (Dirk Galuba, qui a endossé bien des rôles de méchants dans la série).

A son domicile, Martin Theimer est informé par les policiers du meurtre dont a été victime son concurrent, affectant un certain détachement sans pour autant nier sa supplique téléphonique un peu avant le crime - on peut voir au mur affichés certains de ses portraits lorsqu'il était une vedette.

Le réalisateur Robby Bracht accueille chaleureusement Martin Theimer sur le plateau de tournage, persuadé qu'il va exceller dans son rôle d'homme blessé.


En compagnie de l'Inspecteur Derrick et du metteur en scène, le producteur doit convenir que Theimer qu'il était réticent à engager livre une prestation tout à fait convaincante dans son personnage désabusé.


L'Inspecteur Derrick aimerait bien obtenir du spécialiste du cinéma Helmut Bossner des informations significatives sur la personnalité de Martin Theimer qui lui permettraient de conforter sa conviction que l'acteur n'est pas étranger à l'élimination de son concurrent, et espère que c'est au sein même du plateau de tournage que la vérité se fera jour.


Le policier munichois persiste à demeurer dans l'environnement proche de Martin Theimer, qu'il s'agisse du réalisateur et du producteur du film comme de sa famille, ici avec son épouse, à la recherche d'un indice déterminant.

    Le coup de théâtre surviendra de manière assez subite lorsque Martin Theimer bute brusquement sur une phrase du dialogue devant l’amener à déclarer qu’il ne croit pas à l’amour. Il manque en effet soudain d’assurance, hésite, peine à trouver le ton juste, on sent qu’il est troublé et il finit par chercher du regard son épouse qu’il part rejoindre entre deux prises pour qu’elle le réconforte. Jusqu’à présent, Theimer ne jouait pas totalement, car il retranscrivait en réalité sur le plateau de tournage son vécu d’homme meurtri, et il en vient soudainement à manquer de conviction pour énoncer un propos qui s’avère en totale contradiction avec son expérience personnelle.


L'acteur Dirk Galuba (au centre) incarne à nouveau un truand, mais cette fois il ne s'agit que d'un rôle pour lequel il donne la répartie au personnage principal du film, sous la supervision du réalisateur joué par Peter Bongartz (à gauche), à l'occasion d'une scène à tous points de vue déterminante.



Le jeu de Martin Theimer face à l'acteur qui interprète Schumann (Dirk Galuba) se fige soudain et il part chercher un secours moral auprès de sa femme.

        Le policier munichois n’a pas eu besoin de recourir à une garde à vue ni même à un interrogatoire serré pour élucider le crime. Il s’est contenté d’observer, la plupart du temps comme simple spectateur sur le tournage, attendant le moment de vérité, la révélation, laquelle finit par se cristalliser sous ses yeux. L’inspecteur Derrick n’a plus qu’à emmener les deux époux au commissariat pour établir précisément la nature du lien qui les unit. Si l’acteur ébranlé commence d’abord par s’accuser du meurtre afin de protéger sa femme pour laquelle il éprouve de la reconnaissance en raison de son soutien indéfectible, celle-là avoue aussitôt sa visite au rival, dans l’intention de lui arracher son désistement de la production, et elle précise qu’ils en sont venus à s’affronter, dispute à l’issue de laquelle, du moins selon ses dires,  la vedette a péri accidentellement. En raison de l’importance que revêtait pour son époux le rôle, et au regard du peu de considération que son concurrent lui témoignait, seule l’élimination, d’une façon ou d’une autre, de Mischa Kranz de la distribution était susceptible de redonner une chance à son mari, sa femme réalisant qu’il s’agissait pour lui de son unique possibilité de surmonter sa déréliction et de revenir dans la lumière, quitte pour elle à user d’arguments littéralement frappants aux funestes conséquences. Ainsi, pour une fois, l’amour est sorti renforcé des épreuves, mais pour mener au pire, au travers de ce qu’on peut considérer comme un crime passionnel altruiste.


Le couple Theimer est soumis au regard sans concession du détective, qui l'emmène aussitôt au commissariat, où Madame Theimer ne tarde pas à reconnaître son implication directe dans la mort de l'acteur qui contrecarrait la perspective d'une nouvelle carrière de son mari..

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