Alfred Recke (Vadim Glowna), un criminel qui s'expose à bien des épreuves dans l'épisode Choc.
L’épisode Choc
(Schock) débute par une banale tentative de vol d’une
automobile luxueuse convoitée par un réseau de trafiquants.
L’entreprise malhonnête est interrompue par l’irruption inopinée
de son propriétaire, le Docteur Schöller (Dieter Eppler) qui
prévoyait de passer la soirée à l’extérieur avec son jeune fils
(Jörg Matthias Förster). Un des deux malfaiteurs, Alfred Recke
(Vadim Glowna, un acteur également connu en tant que scénariste et
réalisateur), totalement dépourvu de sang-froid comme on le
comprend dès les premières répliques au cours desquelles son
patron communiquant par téléphone l’avertissait qu’il risquait
de se passer de ses services pour cette raison, abat le notable quand
celui-là se met à le menacer de poursuites judiciaires.
Un voleur trop nerveux fait d'une tentative de vol un drame.
Si le meurtrier ressort
éprouvé de la séquence, ce n’est pas tant qu’il est tenaillé
par son acte, à la pensée de l’existence qu’il a supprimée ou
de la perte et de la tragédie que devra endurer le fils, même si
son propre enfant a été privé de son père durant son ancienne
incarcération, qu’en raison de sa peur d’être arrêté et de
devoir retourner en prison. En dépit de l’obscurité, l’enfant,
bien que tétanisé au point de s’enferrer dans un mutisme complet
imputable à l’ampleur du traumatisme que ne peut que se borner à
constater le Docteur Heimweg (Konrad Georg), pourrait être en mesure
ultérieurement d’identifier celui qui a enlevé la vie à son seul
parent – sa mère étant décédée quelques années auparavant,
puisqu’il fait un signe de tête affirmatif à la question que lui
a posée Derrick à ce sujet.


Un enfant qui peine à surmonter l’horreur de la mort de son père sous ses yeux, remarquablement interprété par Jörg Matthias Förster, d’autant plus touchant par son visage angélique concrétisant l’innocence foudroyée, que tente de réconforter sa belle-mère Helga Hoffmann (Christine Wodetsky) et la psychologue Renate Konrad (Johanna von Koczian), en bas, amie de Derrick. Le petit Schöller sera bientôt choqué par un nouveau drame.
Le chef des malfrats, Lussek (Dirk Galuba), est furieux de l'acte inconsidéré de son subordonné mais s'enquiert aussitôt de l'âge du témoin afin de savoir si celui-ci pourrait être en mesure de coopérer avec la police.


L’épisode Choc est particulièrement tragique mais comporte aussi deux brefs moments humoristiques. Dans le premier, les malfaiteurs Hiebler et Recke font irruption dans le bureau de leur patron par l’entrée dissimulée dans un placard, trahissant le passage secret, en suscitant l’ire de Lussek qui est en train d’être questionné par le policier Derrick, et finalement, ce dernier se dirige vers le meuble au moment de la sortie, suscitant la gêne du maître des lieux qui le refrène en lui disant que cet accès est limité à un usage privé. Plus tard, lorsque la police a ordonné à tous les employés de se rassembler autour du comptoir à fin d’identification par la compagne du Docteur Schöller, l’adjoint Klein balance sans hésiter une boule de billard sur le groupe pour les forcer à se tourner vers eux.
Madame Recke (Karin Baal) trouve que son époux rentre bien tard et se demande ce qu'il essaie de lui cacher. Lussek (incarné par
Dirk Galuba pour la première de ses nombreuses apparitions dans la
série), qui a lui aussi été incarcéré quelques années plus tôt
pour des activités illicites, est également soucieux du risque que
représente pour lui le principal témoin en dépit de son jeune âge,
redoutant que la police parvienne à remonter jusqu'à lui en
sa qualité d’organisateur du trafic de véhicules, de surcroît
parce que Recke est officiellement employé dans son établissement
de débit de boissons au titre de la couverture légale de ses
activités. On peut d’ailleurs s’étonner que Derrick d’ordinaire
si prudent ne fasse pas protéger son seul témoin, d’autant que la
presse ayant publié l’adresse de la maison de la victime où
demeure l’enfant avec sa belle-mère, Lussek n’a même pas à
demander l’information au coupable – dans un épisode de la 17ème
saison, La paix intérieure (Keine Ende in Wohlgefallen),
ni l’assassin suspecté, désireux de venger sa sœur suicidée
après un viol collectif, ni la prochaine victime du justicier
(également jouée par Dirk Galuba) ne sont davantage surveillés par
la police en dépit de ce qu’annonce l’inspecteur munichois.

Recke confie à sa femme qu'il se sent en sursis, persuadé que son geste inconsidéré va le faire retomber sous la coupe de la justice et de son administration pénitentiaire.
À défaut de pouvoir
requérir l’aide du jeune Ralf Schöller encore trop ébranlé par
son expérience pour être interrogé par la police, l’Inspecteur
Derrick se résout à fait appel à la compagne du défunt, Helga
Hoffmann (Christine Wodetzky), pour qu’elle passe en revue
l’ensemble des subordonnés de Lussek qu’il soupçonne d’être
le commanditaire associé à la tragédie. Cependant, en raison de la
distance qui la séparait du tueur lors de la soirée fatale,
celle-là étant demeurée sur le porche, elle ne peut
raisonnablement identifier le coupable lors de la confrontation
organisée par la police, en dépit de l’insistance de l’enquêteur
qui lui demande de regarder Recke de plus près. La fébrilité
manque cependant de trahir le meurtrier, suscitant sitôt la police
partie la vive colère de Lussek qui l’accuse de s’être trahi,
notamment en ayant blêmi. Effectivement, l’Inspecteur Derrick a
acquis la certitude que l’homme s’efforçant de dissimuler sa
nervosité est bien le responsable de la mort du Docteur Schöller.

Madame Hoffmann ne peut certifier que Recke est bien le responsable du coup de feu fatal, ce qui désole l'inspecteur Derrick.
Hiebler (Jürgen Draegen), le partenaire de Recke, tient crânement tête à Derrick, pourtant il vient de prêter son concours à une abominable manigance de son patron.
Lusek reproche à Recke d'avoir laissé transparaître sa peur lors de la confrontation avec la police.
Le malfaiteur rattrapé par sa propre responsabilité
Sentant l’étau se
resserrer autour de lui, le tenancier et trafiquant de voitures a non
seulement organisé un faux vol de voiture de marque BMW pendant que
tous ses employés étaient convoqués, de manière à les dédouaner
aux yeux des policiers de ces activités même si Derrick n’est pas
dupe, mais il engage aussi un homme de main, Kerrak (Michel Jacot),
prêt à appliquer sans discuter ses pires ordres, afin qu’il
élimine l’enfant, demandant au complice de Recke, Hiebler (Jürgen
Draegen) qu’il lui indique un raccourci pour se rendre rapidement à
l’adresse des Schöller, et le tueur se met aussitôt en quête de
sa victime. La cruelle ironie de l’histoire est que l’orphelin
n’habite pas très loin du domicile du meurtrier et la femme
d’Alfred Recke (Karin Baal) ayant poussé leur fils qui est du même
âge, Heinz (Alexander Hertel), à le rencontrer afin de lui soutirer
des informations quant à ce qu’il pourrait savoir de l’implication
de son mari, celui-là lie connaissance avec le petit Schöller et
lui propose de l’aider à réparer son vélo ; c’est à ce
moment que le tueur missionné par Lussek fait irruption dans la
remise attenante à la demeure du médecin tandis que les deux
enfants sont un court instant séparés, et qu’il étrangle le
petit Recke à la place de la cible prévue, aboutissement inévitable
de ce terrible enchaînement.

Nous sommes très loin de l'armoire magique de Narnia dans Choc puisque du passage dérobé dans le meuble surgit Kerrak, un tueur sans scrupule missionné par Lussek.
Très bref moment de camaraderie entre les deux enfants qu'encadrent deux drames effroyables, un fils de bonne famille et l’enfant d’un criminel, deux innocents emportés dans un même chaos dévastateur.
Kerrak (Michel Jacot) fonce sur sa proie et étouffe le petit Heinz Recke (Alexander Hertel), une scène d'horreur qui a pu choquer les téléspectateurs allemands et peut-être susciter une réaction de politiques comme il en sera question dans un dossier qui sera prochainement mis en ligne à propos d'un acteur.
Après avoir appris par
sa femme que son fils se trouvait dans la demeure des Schöller,
Alfred Recke part le rechercher, craignant que sa présence y
paraisse suspecte. Le malfaiteur ne semble cependant pas préoccupé
par l’affirmation pourtant lourde de conséquences de Lussek selon
laquelle son acolyte n’a « plus rien à craindre », songeant
sans doute simplement à l’échec de son identification lors de la
confrontation avec Madame Hoffmann. Appelé sur les lieux du drame,
l’inspecteur Derrick annonce à Recke, qui a aussitôt reconnu le
vélo de son fils, la mort d’un enfant que le malfrat découvre
être le sien et que le policier devine avoir été assassiné par
erreur. Recke est dévasté, les seules valeurs auxquelles il
adhérait étaient son attachement à sa famille. Alors que le fils
de sa victime vient à sa rencontre et le fixe du regard, le
malfaiteur brisé lui dit qu’il peut l’identifier à présent,
avouant ainsi publiquement être le responsable de la mort de son
père.




Alfred Recke découvre à son tour la douleur que représente la perte d'un proche, bientôt rejoint par le fils de sa victime qui le dévisage intensément.
Alfred Recke n’a plus de raison de ne pas coopérer avec la
police et, aspirant à ce que l’assassinat de son enfant ne demeure
pas impuni, indique le repaire où son employeur organise le
maquillage des voitures volées. Au cours des échanges nourris de
coups de feu entre policiers et truands qui s’ensuivent, le repenti
quitte précipitamment la voiture de l’inspecteur où celui-là lui
avait demandé de demeurer, gagne les entrepôts et s’interpose
devant Lussek juste au moment crucial pour protéger Derrick, prenant
une balle fatale à sa place.
Derrick assiste Recke dans ses ultimes instants.
Choc démontre de
manière implacable comment la criminalité peut aboutir à une
épouvantable spirale. Lussek craignait de retourner en prison pour
le trafic de voitures volées, alors même qu’il n’était pas
directement responsable du meurtre du Docteur Schöller commis par un
de ses comparses. Au lieu de demander au coupable vertement
réprimandé d’assumer son acte en se dénonçant, d’autant que
celui-là lui avait promis que s’il était appréhendé, il ne
révélerait pas son implication dans l’affaire, Lussek n’a pas
hésité pour éviter d’être arrêté à commanditer froidement
l’assassinat du petit garçon susceptible de l’amener en prison,
puis il a tenté d’abattre un policier pour échapper à son
arrestation, ce qui a abouti à un homicide involontaire sur son
comparse. Il endurera donc une condamnation bien plus sévère que
celle qu’il encourrait en tant que simple chef d’un réseau de
voleurs de voitures. Quant à Recke, sa participation à cette
activité malhonnête ayant abouti à son acte irréfléchi qui a
fait de lui un meurtrier, elle s’est traduite par une descente aux
Enfers, d’abord la crainte d’être arrêté, puis sa tétanisation
de peur d’être identifié lors de la confrontation (épreuve que
sa femme estime n’être « pas cher payé » si les
choses devaient en rester là), la découverte de l’assassinat de
son jeune fils, puis enfin la perte de sa propre vie. Choc n’est
d’ailleurs pas le seul épisode dépeignant un aussi terrible
engrenage, même chez des êtres qui n’étaient pas prédestinés à
devenir des criminels, comme on le verra à propos des épisodes Un
triste dimanche et Le meilleur de la classe.

Pour avoir voulu dissimuler à tout prix ses affaires illicites, Lussek a tout perdu et il se passera vraisemblablement un temps très long avant que ce grand fauve puisse de nouveau humer l'air frais à l'extérieur.
Dans un dernier souffle,
Alfred Racke mourant implore l’Inspecteur de transmettre son
message :« Vous direz à ma femme que je vous ai sauvé la peau »,
concrétisant ainsi sa rédemption in extremis. Le malfaiteur réalise
très tardivement, une fois qu’il a éprouvé à son tour les
méfaits du Mal auquel il a pris part, qu’il s’était placé du
mauvais côté et, après avoir ôté une vie humaine, offre la
sienne pour sauver celle d’un homme attaché à établir la
justice.
Alfred Recke s'est rangé du côté de la justice à la toute fin de sa vie après avoir subi lui-même les ravages du Mal.