mercredi 6 septembre 2023

QUAND DERRICK PREFIGURE TERMINATOR 2

 

Non, Horst Tappert n'a pas incarné dans la série Inspecteur Derrick un cyborg invulnérable comme Arnold Schwarzenegger sur le grand écran, mais un épisode n'est pas sans annoncer la thématique du film Terminator 2 : le jugement dernier.

        Se risquer à affirmer que la série Inspecteur Derrick demeure d’actualité, par les situations qu’elle expose intelligemment en questionnant la condition de l’homme moderne, conduit généralement à se heurter à une incrédulité parfois mêlée d’imbécilité. Si, à fortiori, on avance que le scénariste a porté sur le devant de la scène la question très actuelle des enjeux que pose depuis quelques mois la perspective imminente d’immixtion de l’intelligence artificielle dans l’organisation du travail et même dans tous les aspects de la vie sociale, on risque la franche hilarité de l’interlocuteur.

        Pourtant, un épisode s’interroge sur cette problématique, et on peut même préciser catégoriquement que celui-ci préfigure par son sujet le thème principal du film de science-fiction à succès réalisé en 1991 par James Cameron Terminator 2 : le Jugement dernier (Terminator : Judgment Day). Le sujet d’Un homme en trop (Dr Römer and der Mann des Jahres) réalisé en 1986 par Theodor Grädner annonce en effet quelque peu l’intrigue du film de James Cameron.

            Un chercheur en électronique est abattu en début de soirée à son bureau. Deux témoins ont aperçu le visiteur, le premier sur le parking alors qu’il quittait son travail, le second est la femme de ménage qui débutait son service et a pris l’ascenseur en même temps que l’homme. Les deux descriptions concordent et s’accordent pour identifier catégoriquement le Docteur Römer (Erich Hallhuber) qui travaillait quelques mois plus tôt pour la société. La piste mène cependant à une impasse étant donné que le principal suspect est décédé trois mois plus tôt. 


Un établissement dans lequel on fait de la recherche de pointe en informatique.






Un visiteur nocturne inattendu qui abat un des scientifiques et que les témoins comme le concierge Gantner (Rolf Castell) disent avoir reconnu.

        Ebranlé par leur certitude, Derrick demande à rencontrer le Docteur Rotheim (incarné par Ernst Schröder) en charge d’un centre de soins psychiatriques, qui lui dit qu’il a bien connu le Docteur Römer, interné en raison de sa dépression lui ayant fait douter du sens de son travail, qu’il dépeint comme un homme intelligent et d’une grande sensibilité et qui lui confirme qu’il est subitement décédé, assurant qu’il a assisté à son enterrement ainsi que son personnel. Perplexe, Derrick rencontre à son domicile le responsable du programme de recherches sur l’intelligence artificielle, le Professeur Rauth (Hans Dieter Zeidler), qui le persuade de l’importance de ses travaux, ce qui l’amène à se demander si le Docteur Winter n’a pas été tué à la place de cette cible toute désignée, lorsque le tueur appelle du dehors le scientifique et manque de peu de l’abattre. Celui-ci est formel, en dépit de l’obscurité, il confirme à son tour avoir sans hésitation reconnu son ancien collègue.


Derrick (au milieu) et son assistant Berger (à droite) débutent leur enquête en ce haut lieu de la technologie.

Derrick interroge le responsable du programme, le Docteur Rauth (Hans Dieter Zeidler).

L'épouse du Docteur Römer (Margarete Stein) affirme que la disparition de son mari l'a fortement attristée.


Derrick et son adjoint Klein visitent la clinique psychiatrique où vivait le Docteur Römer que les témoins disent avoir identifié, sous la conduite de Sœur Berta (Maria Singer) avant de rencontrer son directeur. Terminator 2 débute aussi dans un hôpital psychiatrique.

Le Docteur Rotheim (Ernst Schröder) qui ne tarit pas d'éloges sur le Docteur Römer dont il avait la charge s'irrite lorsque Derrick resserre son enquête sur son patient supposé défunt.


Un tireur tente de tuer le Dr Rauth à son domicile après l'avoir hélé depuis l'entrée de sa demeure. 

        Cette fois, Derrick entreprend de faire exhumer la dépouille supposée du Docteur Römer en présence de sa veuve, laquelle à son grand étonnement affirme qu’il s’agit bien de son défunt mari. Troublé, l’inspecteur principal décide de montrer nuitamment au Professeur Rauth le cadavre lors d’une nouvelle exhumation et à l’inverse, celui-là dénie tout aussi catégoriquement qu’il puisse s’agir de son ancien collaborateur. Pendant ce temps, Harry Klein apprend de la doctoresse Brigitte Schenk (Kristina Nel) qu’elle a été affectée dans le service du Professeur Rotheim juste après la mort de Römer, en remplacement d’un médecin dont elle a rassemblé les affaires mais qu’elle n’a jamais pu contacter. Les policiers sont dorénavant persuadés que le Docteur Rotheim a fait passer son collègue défunt suite à une maladie fulgurante pour le Docteur Römer de manière à fournir à son patient le parfait alibi, et que sitôt averti par l'Inspecteur principal de l’exhumation, il a téléphoné à Madame Römer pour lui annoncer que son mari était vivant et qu’elle devait dans son intérêt feindre de le reconnaître lors de l’ouverture du cercueil. Pendant ces trois mois, celui-là a occupé le logement du médecin décédé dont les traites étaient payées mais lorsque Derrick s’y rend, il a quitté l’habitation. Le Docteur Römer, bien vivant et qui s’est employé à démontrer qu’il était sain d’esprit, a en effet convaincu le professeur Rotheim du danger que ferait courir à l’humanité la mise au point d’un ordinateur sans aucune limitation, une intelligence sans morale.



Madame Römer est requise pour identifier le corps de son mari, et Derrick ressort dépité (en bas) de sa confirmation de l'identité du défunt.



Une seconde exhumation menée de nuit dans une séquence digne d'un roman de Gaston Leroux entraîne à l'inverse le Docteur Rauth à affirmer catégoriquement que le mort n'est pas son ancien collègue.

La suspicion que le Dr Rotheim a fait fallacieusement passer l'interné pour défunt se renforce.





Le Docteur Schenk finit par avouer qu'elle n'a jamais eu de contact avec le médecin auquel elle a succédé, amenant les policiers à déduire qu'il a été emporté par une maladie fulgurante et que le responsable de la clinique l'a fait passer pour son patient sujet à la dépression, de sorte que celui-là puisse agir à sa guise.

        Ayant conservé son passe, Le docteur Römer revient dans l’établissement au sein duquel il a œuvré, bien décidé à éliminer le Professeur Rauth. Il surgit dans son bureau et ajuste son arme, mais l’adjoint Berger (Willy Schäfer) qui le protège à la demande de Derrick tire en premier, mettant fin à l’entreprise du savant stoppé net alors qu’il espérait par son geste extrême préserver l’humanité de manière analogue la même année à Johnny Smith sur grand écran dans The Dead Zone de David Cronenberg, voyant malgré lui convaincu par ses visions récurrente qu’un candidat porté à la Maison blanche provoquerait une apocalypse nucléaire. Le chercheur et le policier sont bientôt rejoints par Derrick et Klein, le professeur Rauth les remerciant vivement de l’avoir protégé et d'avoir ainsi sauvegardé l’œuvre entreprise au nom de la science, mais en considérant son visage extatique, illuminé par les multiples clignotements électroniques d’un ordinateur surpuissant digne du Hal de 2001, l’Odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey), tandis qu'il assène que l'homme n'est rien sans l'ordinateur, on ne peut s’empêcher de songer qu’il prend soudain des atours inquiétants donnant corps aux avertissements de l’assassin.

        Ayant conservé son passe, Le docteur Römer revient dans l’établissement au sein duquel il a œuvré, bien décidé à éliminer le Professeur Rauth. Il surgit dans son bureau et ajuste son arme, mais l’adjoint Berger (Willy Schäfer) qui le protège à la demande de Derrick tire en premier, mettant fin à l’entreprise du savant stoppé net alors qu’il espérait par son geste extrême préserver l’humanité de manière analogue la même année à Johnny Smith sur grand écran dans The Dead Zone de David Cronenberg, voyant malgré lui convaincu par ses visions récurrente qu’un candidat porté à la Maison blanche provoquerait une apocalypse nucléaire. Le chercheur et le policier sont bientôt rejoints par Derrick et Klein, le professeur Rauth les remerciant vivement de l’avoir protégé et d'avoir ainsi sauvegardé l’œuvre entreprise au nom de la science, mais en considérant son visage extatique, illuminé par les multiples clignotements électroniques d’un ordinateur surpuissant digne du Hal de 2001, l’Odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey), tandis qu'il assène que l'homme n'est rien sans l'ordinateur, on ne peut s’empêcher de songer qu’il prend soudain des atours inquiétants donnant corps aux avertissements de l’assassin.




Le Docteur Römer (Erich Hallhuber) est à ce point déterminé qu'il revient en plein jour sur son ancien lieu de travail, déterminer à achever sa mission en éliminant le Docteur Rauth.


Dans le film Dead Zone (The Dead Zone) de David Cronenberg d'après un roman de Stephen King, Johnny Smith (Christopher Walken) est lui aussi tant persuadé du caractère essentiel de sa mission qu'il est déterminé à perdre la vie dans l'intérêt supérieur de l'Humanité.


Le Docteur Römer (en haut) et Johnny Smith (en dessous) abattus au moment où ils atteignaient au but - mais dans le second cas, le tireur aura indirectement réussi sa mission, une ultime vision lui montrant le politicien psychopathe ayant échappé à ses balles définitivement discrédité par sa conduite peu honorable lors de l'attentat, ayant sauvé sa vie en s'étant abrité derrière une fillette, et décidant finalement de mettre fin à ses jours).

Dès le début de l'enquête de Derrick, le Docteur Rauth se montre prolixe à justifier l'importance de ses travaux.


La dernière image de l'épisode, le visage extatique du Professeur Rauth assurant que la mise au point d'un ordinateur bien plus puissant que l'Homme se poursuivra jusqu'à son terme

La peur de la technologie

        D'autres œuvres de fiction ont évoqué la panique que pouvait provoquer les constantes avancées technologiques donnant corps à la prédiction de Jules Verne "Tout ce qu'un homme peut imaginer, un autre un jour le réalisera". La même année que l'épisode d'Inspecteur Derrick, le téléfilm Bulletin spécial (Special Bulletin) d'Edward Zwick met en scène deux terroristes écologistes, les docteurs Bruce Lyman (David Clennon) et David McKeeson (David Rasche), qui menacent de faire sauter une bombe nucléaire si leur demande de désarmement atomique n'est pas satisfaite. Dans l'épisode Alerte aux neutrons (Final Exam) de la série Au-delà du réel, l'Aventure continue (The New Outer Limits) réalisé en 1998 par Mario Azzopardi, un ancien étudiant, Seth Todtman interprété par Peter Stebbings, menace aussi de faire sauter une bombe à fusion froide pour alerter sur le fait que des moyens de destruction de masse deviennent de plus en plus accessibles aux individus malintentionnés. 

        Il a réellement existé un forcené analogue au Dr Römer inventé par Herbert Reinecker ; ancien enseignant en mathématiques à l'Université de Californie retourné à une vie rurale, Theodore Kaczynski a été arrêté par le FBI en 1996 et condamné à la prison à vie pour des attentats parfois mortels perpétrés entre 1978 et 1995. Il a écrit des manifestes dénonçant l'emprise croissante de la technologie, et par le moyen de colis piégés s'attachait à faire exploser des avions et tuer ceux qu'il estimait représenter une modernité déshumanisante et destructrice de la nature, ciblant notamment des ingénieurs et détenteurs de magasins d'informatique. Les actions de Kaczinsky étaient totalement désespérées et vouées à l’échec. Non seulement, il était prévisible que sa violence extrême ne pourrait initier un vaste mouvement d’adhésion populaire à sa cause quand bien même les lecteurs de son manifeste reproduit dans les journaux en raison de son chantage eussent adhéré à sa dénonciation de la course technologique et de la destruction de l’environnement, mais l’élimination de quelques étudiants, ingénieurs et propriétaires de boutique de matériel informatique ne pouvait objectivement en rien endiguer une mutation globale pratiquement irrépressible touchant à tant de domaines, qu'on s'en félicite ou qu'on s'en désole.

           


Le Docteur Lyman (David Clennon, en haut à gauche et ci-dessus, un acteur de The Thing) et le Docteur MacKeeson (David Rasche, en haut à droite, vu dans Vol 93) délivrent au journal télévisé leur ultimatum, leur pacifisme radical les ayant finalement fait basculer dans la violence.

Un étudiant paniqué par sa propre découverte de la bombe à fusion froide dans l'épisode Alerte aux neutrons (Final Exam) de la série Au-delà du réel, l'aventure continue (The New Outer Limits).

Le professeur assistant de mathématiques Theodore Kaczynski à Berkeley en 1967, avant qu'il ne retourne à la nature inspiré par le sociologue Jacques Ellul et qu'ayant été témoin de la destruction de son environnement, il n'entame un parcours de terrorisme anti-technologique qui lui vaudra finalement de finir ses jours en prison et d'être diagnostiqué schizophrène paranoïde.

        La science-fiction s’est depuis longtemps interrogée sur le risque théorique que la technologie pourrait faire courir en confiant le destin de notre espèce à une intelligence non humaine, créée en laboratoire par des informaticiens grâce au progrès constant dans la création de processus artificiels de synthèse des connaissances. Un film comme Le cerveau d’acier (The Forbin Project) de Joseph Sargent avait ainsi mis en scène en 1970 un ordinateur surpuissant chargé de la défense des Etats-Unis, afin de la rationaliser en éliminant la subjectivité humaine, lequel finissait par s’entendre avec son homologue créé par les Soviétiques pour mettre l’humanité en coupe réglée pour son bien, palliant à la tendance autodestructrice du genre humain au prix de sa liberté (un dilemme philosophique d’ailleurs aussi posé à la fin de la série française Le Mutant), et ce risque d’une toute-puissance inquiétante avait déjà été évoqué dans le film de 1957 Le garçon invisible (The Invisible Boy). Mais ce que porte de singulier l’épisode Un homme en trop et qu’on retrouve dans Terminator 2 : le Jugement dernier est la volonté par le moyen radical de l’assassinat d’empêcher des chercheurs de mettre au point le cerveau électronique qui pourra supplanter l’Humanité. Dans le film de James Cameron, Sarah Connor (Linda Hamilton) essaie de tuer Dyson (Joe Morton) car elle a appris que c’est son système Cyberdine qui va permettre la guerre des machines contre le genre humain dont l’a avertie un envoyé du futur, Reese (Michael Biehn), poursuivi par un robot lancé à ses trousses dans le film précédent Terminator en 1985.



Les centre de recherches œuvrant sur la fabrication des ordinateurs de la troisième génération, celui d'un système informatique conscient et autonome dans Un homme en trop en haut et Terminator 2 en bas.


Tout le pouvoir de l'Intelligence artificielle dans une petite puce électronique, celle dont le Docteur Römer entre en possession après un premier assassinat dans l'épisode d'Inspecteur Derrick (en haut) et celle de Terminator 2 : le jugement dernier dans une scène coupée (en bas) - censée provenir du premier Terminator détruit à la fin du premier volet cinématographique dans un paradoxe temporel cyclique quelque peu outré.


Le Dr Römer et Sarah Connor (Linda Hamilton) prêts à abattre l'ingénieur dont les travaux menacent la survie du genre humain.


Le Docteur Rauth (en haut) et le Dr Dyson incarné par Joe Morton (en dessous) confrontés à une menace de mort imminente par la main de justiciers qui veulent changer le cours du futur annoncé dont ils vont probablement amener l'avènement.





Le Docteur Dyson est épargné de justesse par Sarah Connor (photo du haut), que son fils et le robot tueur reprogrammé et humanisé joué par Arnold Schwarzegger ont suppliée de persuader le chercheur de détruire son programme plutôt que de le tuer devant sa famille en lui détaillant comment les machines émancipées vont éradiquer l'espèce humaine (seconde photo, machine volante cherchant à exterminer les survivants); en dessous, Madame Römer, mise tardivement dans la confidence que son mari était toujours en vie et qui a feint devant l'Inspecteur Derrick de reconnaître sa dépouille dans le cercueil, n'a par contre pas pu ou voulu arrêter le projet meurtrier de son ancien époux qui a échoué et l'a conduit à perdre la vie comme Johnny Smith dans Dead Zone (bas).

        Il est possible que cette convergence entre ces deux œuvres ne procède que d’une simple coïncidence. Cependant, un auteur de science-fiction, Harlan Ellison, avait obtenu gain de cause en attaquant en justice James Cameron, clamant que le premier Terminator était inspiré du scénario qu’il avait écrit pour l’épisode Le Démon à la main de verre (Demon with a Glass Hand) pour la série des années 1960 Au-delà du réel (The Outer Limits), dans lequel un androïde venu du futur porte dans sa prothèse de main le patrimoine génétique de l’humanité et est poursuivi jusque dans le présent par des envahisseurs qui ont entrepris dans le futur d’éradiquer notre espèce (l’épisode se déroule en grande partie dans le Bradbury Building où ont aussi été notamment tournées les scènes finales de Blade Runer) – on pourrait cependant aussi évoquer comme précédent le modeste et méconnu film Cyborg 2087 de Franklin Adreon de 1966 qui montre un androïde (Michael Rennie, célèbre visiteur du Jour où la Terre s’arrêta) s’efforçant de prévenir du détournement d’une découverte scientifique sur la télépathie dans le dessein de contrôler les esprits par la société totalitaire de l’avenir ayant lancé deux homologues à ses trousses. C’est peu dire en tout cas que le réalisateur de Terminator n’a pas accueilli en des termes très polis la décision de la justice en faveur de l’écrivain.

       Du point de vue de la forme, Un homme en trop et Terminator 2 diffèrent fortement, l'épisode d'Inspecteur Derrick ne bénéficiant effectivement pas du budget très important du film de Cameron, ne faisant pas appel aux cascades, aux effets spéciaux et à l'action, mais sa thématique est très voisine, au travers de son personnage horrifié par l'avènement imminent d'une forme d'intelligence non humaine et de la prédominance que celle-ci pourrait s'octroyer, et qu'on pourrait véritablement qualifier de "justicier par anticipation".

      La série Inspecteur Derrick n’a jamais été diffusée aux Etats-Unis, rare exception pour ce programme apprécié de l’Amérique du Sud à l’Extrême-Orient (il est vrai que nos amis d'Amérique du Nord prisent peu les doublages). Elle est cependant passée en Grande-Bretagne. Or en 1986, trois années après la réalisation de l’épisode, James Cameron se trouvait justement en Angleterre pour y réaliser Aliens. Il n’y a aucune certitude que Terminator 2 emprunte son intrigue à une autre œuvre, mais il existe néanmoins une possibilité théorique que le metteur en scène ait visionné plus ou moins distraitement Un homme en trop à la télévision après le tournage de son film de science-fiction et que cela lui ait donné, au moins inconsciemment, l’idée de conduire son personnage à empêcher par tous les moyens le créateur du logiciel de pointe de mener jusqu’au bout ses recherches. Pour être aussi complet que possible, il faut ajouter que, d'un autre côté, le dialogue d'une scène coupée du Terminator originel comportait en germe des éléments de la suite, le souhait de Sarah Connor de faire sauter les locaux de la société Cyberdine et la réponse de Reese, s'avouant un Cassandre désespéré, lui annonçant qu'en ce cas, elle finirait gagnée dans la folie (au début de la suite, on la retrouve internée dans un hôpital psychiatrique). Quoi qu’il en soit, le parallèle entre le Docteur Römer, ange exterminateur terrifié par ce qu’augure la technologie, imaginé par le brillant scénariste Herbert Reinecker, et Sarah Connor, prête à abattre le créateur de l’ordinateur qui va déclencher la guerre d’extermination contre l’humanité, Miles Dyson, est assez irrésistible.

Le réalisateur James Cameron avec la Reine extraterrestre grandeur nature sur le tournage d'Aliens en Angleterre en 1986, à l'époque à laquelle il faisait encore d'authentiques films de science-fiction réalistes avec de véritables effets spéciaux concrets.

"Hasta la vista", on se revoit pour un prochain article sur le blog Rendez-nous Derrick !"

 *

PS : Parmi la profusion d'articles récents sur l'Intelligence artificielle et sa problématique, le lecteur pourra lire les deux suivants qui récapitulent les informations les plus récentes en la matière en les rapportant aux prévisions de la Science-Fiction :

- les robots, de la fiction audacieuse à l'innovation technologique :  http://creatures-imagination.blogspot.com/2023/04/le-triomphe-du-metal.html

- la prédominance de l'intelligence artificielle prévue par la science-fiction : 


samedi 6 mai 2023

UNE AFFAIRE ETRANGE : UN VAUDEVILLE PEU ORDINAIRE

L'amant, la femme infidèle et l'homme trompé réunis pour de bien mauvaises raisons.

        L’histoire d’un homme fortuné que sa compagne plus jeune trompe avec un homme de son âge… Un sujet d’une triste banalité, représentant un des schémas récurrents des pièces de boulevard, ces comédies à base de quiproquos dans lesquelles le ressort comique repose sur la double vie des personnages. Le sujet de l’infidélité est bien au centre de l’épisode Une affaire étrange, (Pfandhaus), mais Herbert Reinecker s’empare du thème de manière à lui conférer un prolongement tout à fait singulier. Monsieur Karruska dirige une société de prêts sur gage qui lui rapporte un revenu confortable. Cette existence bourgeoise est cependant troublée par ses soupçons croissants au sujet de la fidélité de sa nouvelle compagne, Ursula Mangold, et à l’instar de sa gouvernante, il finit par ne plus avoir de doutes quant à la raison de ses absences répétées du domicile. En dépit de ses supplications, la jeune femme résiste à ses injonctions. 


Monsieur Karruska s'inquiète des absences répétées de sa jeune maitresse ; celle-là s'efforce de le réconforter mais ne renonce pas pour autant à retrouver dès qu'elle le peut le fougueux Forster à qui elle se donne.

Karruska découvre l’endroit où habite l’amant, Erich Forster, un de ses clients avec lequel elle s’est liée. Il appelle l’homme au téléphone en le suppliant de lui « laisser son Ursula » mais l’intéressé ne veut rien entendre et lui répond avec morgue que celui-là n’a pas d’autre choix que de consentir aux besoins de la jeune femme que lui n’est pas en mesure de combler. L’homme trompé, d'autant plus meurtri que son ancienne femme l'a un jour quitté sans explication,  en conclut qu’il ne peut mettre un terme à cette relation indésirable qu’en éliminant physiquement son rival. Il entre dans l’immeuble, gravit les escaliers et sonne à la porte de Forster qui vit avec un colocataire et lorsque ce dernier s’enquiert de l’identité du visiteur, Karruska fait feu au travers de la porte, abattant par erreur le malheureux.


Dorénavant déterminé à mettre fin à la vie de son rival, Karruska se rend à son appartement et tire au travers de la porte sur l'occupant, mais abat sans le savoir le colocataire de l'intéressé, amenant les experts criminels à chercher tout indice qui permettrait d'identifier l'auteur des tirs.

        À sa grande surprise, Forster le contacte bientôt, l’informe qu’il a assassiné la mauvaise personne et le rassure en lui disant qu’il ne révélera rien à la police. Le jeune homme impécunieux voit à travers ces circonstances tragiques l’opportunité de profiter de la fortune de Karruska. Ursula, informée de ce qu’il a fait, se montre aussi très compréhensive à l’égard du jaloux criminel. Une liaison perverse lie à présent le trio. En échange de son silence, l’amant exige de pouvoir voir sa maîtresse tant qu’il le souhaite et de bénéficier des conditions de vie somptueuses du couple officiel. Aussi heurtée qu’elle le soit, la victime du chantage n’a d’autre solution que d’accepter cette situation hors normes afin d’échapper à la prison. Forster passe facilement par pertes et profit la vie de son colocataire défunt en assurant à celui qui voulait l’assassiner que le mort n’était pas quelqu’un de particulièrement recommandable, ayant déjà trempé dans des affaires louches, et que sa disparition n’est ainsi pas si regrettable. Le retournement de situation est spectaculaire, mais crédible grâce au jeu inspiré des acteurs. 

    Klaus Maria Brandauer est très convaincant en amant joyeusement cynique, qui respecte scrupuleusement sa promesse de préserver l’anonymat du tueur en y trouvant son propre intérêt, mais prend aussi un plaisir retors à humilier Karruska de toutes les manières, celui-là étant dévolu à assister aux ébats adultérins, réduit selon l’expression populaire à « tenir la chandelle », laquelle lui brûle les doigts. Quant à la jeune femme, jouée par Doris Kunstmann, elle ne montre aucun scrupule à s’afficher devant son compagnon dans les bras de Forster, son absence totale d’empathie à l’égard de l'homme bafoué amenant même le spectateur à se demander pour quelle raison Monsieur Karruska y demeure si attaché, d’autant que lorsqu’une de ses jeunes employées séduisantes dont il admirait l’anatomie se montre prête à le consoler et à lui céder, il l’insulte en la repoussant violemment et en la faisant chuter de son escabeau dans une séquence assez choquante, comme si l’homme trompé était sûr qu’elle n’en voulait qu’à son argent et que cette nouvelle infortune sentimentale le poussait dorénavant à haïr toutes les femmes, réduites à des déclinaisons de l’aimée traîtresse, comme dans l’épisode ultérieur Rencontre avec un meurtrier. Max Mairich incarne à merveille ce petit homme renfrogné, bafoué, bouillant intérieurement d’une rage que l’amant prend un plaisir insolent et sadique à alimenter avec la complicité de l’impudique jeune femme, créant une tension très particulière que les protagonistes peinent à cacher à l’Inspecteur Derrick qui se doute bien que Monsieur Karruska ne fait pas si bon accueil à son rival peu discret de son plein gré. Cependant, c’est bien le téléspectateur, et non les policiers, qui se trouve aux premières loges pour assister à cette situation saugrenue.



L'amant qui a réchappé de la tentative de meurtre informe Monsieur Karruska qu'il n'a aucune intention de révéler sa culpabilité à la police mais qu'en contrepartie, il est fortement incité à se montrer bien disposé à l'endroit de la liaison qu'il entretient avec sa bien-aimée.


L'inspecteur Derrick est persuadé que Forster ne lui dit pas toute la vérité sur les circonstances ayant conduit à la mort de son colocataire et son adjoint Harry Klein découvre à l'occasion d'une soirée festive la singulière proximité qui lie celui-ci à Monsieur Karruska et plus particulièrement à sa jeune compagne.







D'abord sous le charme d'une employée provocante, Helga Löhr (Doris Arden), Monsieur Karruska devient fou lorsque celle-là, guidant sa main sur le haut de sa cuisse, lui fait une proposition explicite en essayant de le persuader de se détourner d'Ursula en sa faveur ; alors qu'elle l'incite à laisser choir sa compagne, c'est elle qu'il fait à force de coups chuter sur le sol.

        Le dénouement est tout à fait spectaculaire et laisse comme souvent sans voix à la fin d’un épisode de la série. Le policier intervient au moment où Gustl Karruska cocufié, excédé, oublie toute prévention et, ivre de rancœur et de jalousie, est sur le point de commettre son second assassinat en abattant le rival qu’il avait raté la première fois, estimant sans doute que sa propre vie est à présent si vaine que plus rien d’autre ne compte que sa vengeance. L'inspecteur Derrick arrive juste au moment où l'irrémédiable est sur le point d'être commis et il intime à Ursula qu'elle exige que celui avait qui elle partageait sa vie lui remette son arme, en s'interposant entre lui et sa cible. Par un renversement inattendu et un retour soudain de sentiments, Karruska étreint en larmes sa compagne infidèle, point d’orgue d’un épisode qui n’aura cessé d’étonner le spectateur et aura une nouvelle fois illustré les ravages de la passion amoureuse non partagée.




Karruska décidé à achever en tragédie ses déboires amoureux, prêt à supprimer l'amant d'Ursula avant se re réconcilier brièvement avec elle dans un soudain épanchement sentimental surpassant sa colère.

*

lundi 6 mars 2023

UN ALIBI INTERESSE ? LENA

L’épisode Lena débute sous l’auspice des suites d’un divorce difficile. Un père qui n’a obtenu la garde de sa fille Agnès qu’un dimanche par mois et qui ne l’accepte pas, Wolfgang Horn (Rolf Becker), la fait appeler par un camarade durant la récréation, lui demandant de sortir rapidement après les cours pour qu’ils puissent passer du temps ensemble. La préadolescente se montre embarrassée. Néanmoins, le père l’attend bien comme il l’a annoncé et il lui demande de monter en voiture avec elle. La jeune fille est réticente, bien consciente que celui-là outrepasse délibérément les droits qui lui sont accordés. Il la pousse un peu brusquement dans le véhicule à la place du passager, s’enquérant de savoir si sa tête n’a pas heurté la carrosserie, tandis que la voiture de la mère se gare un peu plus loin dans la rue. Celle-ci se précipite aussitôt vers eux et extrait l’enfant de la voiture. Les deux adultes se querellent fortement, et chacun tente d’attirer la malheureuse, tiraillée sans ménagement de chaque côté, rappelant la situation du fameux Jugement de Salomon qui amenait le juge à proposer qu’on partage littéralement en deux l’enfant disputé par les deux parties. La scène est malheureusement d’une triste banalité avec ces ex-conjoints ne se supportant plus et réglant leurs comptes sans paraître se préoccuper réellement du mal qu’ils infligent à l’enfant, otage de leur affrontement et dont il n’est fait aucun cas du ressenti.





Un père annonce à sa fille Agnès (Heike Goosmann) qu'il va venir la chercher mais à l'heure de la sortie, la mère, Anita (Beatrice Norden), s'oppose vigoureusement à la violation des dispositions du jugement de divorce.

La situation empire encore puisque, excédé, Horn finit par frapper son ancienne femme, ce qui amène les témoins à intervenir, tandis que la mère et la fille s’en retournent à leur maison. Le lendemain, la femme téléphone à son ex-mari, lui fixant rendez-vous à son domicile vers 15 heures sans lui donner véritablement de motif. Elle a pour intention de le rappeler à ses obligations en présence de son avocat, probablement avec la menace d’entamer une action en justice en vue de le priver de ses derniers droits de père s’il ne se conforme pas à la décision du juge sur la garde qui lui a été accordée. Wolfgang Horn se rend à l’heure dite au domicile familial, entrant sans difficulté, la porte n’étant pas fermée. Il découvre dans le salon le corps de son ancienne épouse, étranglée. C’est alors que l’avocat de celle-ci arrive à son tour et est d’emblée convaincu que celui-là a tué son ancienne femme. Le suspect refuse de rester comme l’avocat lui demande tandis qu’il appelle la police, car il doit aller chercher sa fille. Il ramène celle-là à sa maison sans lui fournir réellement d’explication, la laissant aux bons soins de sa gouvernante, et il téléphone au domicile de son ex-femme pour dire à l’Inspecteur Derrick qui s’est rendu sur place qu’il va le rejoindre.




Horn découvre le corps sans vie de son ex-épouse et en avertit la sœur de la défunte.

L’inspecteur principal partage tout à fait l’avis de l’avocat de la défunte sur la responsabilité de Horn que tout paraît accuser ; il a fait acte de violence à l’encontre de sa femme la veille, et vient d’être trouvé seul en compagnie de son cadavre. Aussi, Derrick amène-t-il Horn au commissariat dans l’intention de le faire arrêter, le sommant d’avouer son crime. L’homme, impulsif, reconnaît ses torts mais refuse obstinément de confesser le meurtre, et le policier est convaincu que la tâche de le confondre définitivement sera difficile car s’il avouait un tel acte, il perdrait définitivement l’affection de sa fille.

Au domicile de la mère demeure seule la sœur aînée de la morte, Lena (Ursula Lingen), une sourde-muette qui consacre tout son temps à faire de la poterie. Elle vivait chez sa tante jusqu’à la mort de celle-ci puis l’épouse l’a fait venir au domicile familial en dépit de l’opposition frontale du mari. L’avis général s’accorde à lui prêter un caractère ombrageux, et il arrive qu’elle jette à terre avec furie certaines de ses poteries. Celle-là se souvient soudain qu’elle a vu entrer dans le jardin un homme peu de temps avant le crime et elle l’écrit sur une feuille de papier qu’elle tend à l’avocat venu s’enquérir de sa situation. Celui-là, persuadé de l’importance cruciale de ce témoignage en dépit de sa prévention contre l’ex-mari, la conduit immédiatement au commissariat de Munich mais à sa différence, Derrick et son adjoint ne semblent pas disposés à accueillir de bonne grâce cette information tant ils persistent à considérer Horn comme le parfait coupable. L’inspecteur principal demande malgré tout au dessinateur du service de réaliser un portrait-robot de l’homme que Lena a prétendu voir, grâce aux indications qu’elle délivre par le biais d’une interprète en langue de signes. La belle-sœur de Horn valide la représentation de l’individu et Derrick est forcé au vu de ces nouveaux éléments de mettre fin à la garde à vue du suspect.




L'inspecteur Derrick est plus que dubitatif lorsque l'avocat de la mère, le Docteur Voss (Romuald Pekny), lui montre le témoignage écrit de Lena qui affirme avoir aperçu un inconnu rôder peu avant le drame.

La fillette étant légalement héritière du domicile laissé par sa mère, et Horn étant toujours son père, celui-là revient habiter le domicile familial avec l’enfant. Il se montre reconnaissant avec sa belle-sœur revêche et sourde avec laquelle il ne s’entendait pas, bien conscient que seul son témoignage lui a permis d’être mis hors de cause en dépit des circonstances accablantes. Il se montre si attentionné qu’il lui achète de nouveaux matériaux et lui fait installer dans la cave un four lui permettant de faire cuire ses poteries. Elle excelle tant dans cette activité qu’un commerçant chez lequel Horn l’emmène la gratifie d’éloges et lui demande de lui vendre l’intégralité de sa future production.


Lena toute à sa passion pour la poterie.

La consécration de Lena, amenée par Horn chez un commerçant (Rudolf Schündler) qui se montre enthousiaste devant les échantillons de poterie créés dans son atelier artisanal. 

L’inspecteur Derrick est convaincu que Lena agit par intérêt, l’appui qu’elle apporte à son gendre devant lui éviter de devoir quitter la demeure et de se retrouver placée dans un établissement pour personnes atteintes d’un handicap. Même si son adjoint paraît peut-être un peu moins affirmatif, Derrick clame sa détermination à prouver la culpabilité de Horn, affirmant vouloir le cibler sans relâche jusqu’à obtenir sa confession, persuadé que l’homme dont le portrait a été dessiné d’après la description de Lena n’existe pas et qu’il n’a été inventé que pour couvrir le beau-frère.

Cette harmonie nouvelle entre Horn et Lena ancre Derrick dans sa conviction qu’ils sont liés par un pacte au moins tacite, au nom d’un intérêt mutuel ; il constate que la belle-sœur qui a trouvé sa place à la maison et est dorénavant proche de son gendre « paraît presque belle » tant son bonheur d’être enfin considérée l’a transformée. Cependant, la situation évolue soudainement lorsque le garagiste auquel l’ex-Madame Horn avait confié sa voiture demande à son mécanicien Mesmer (Thomas Braut) de raccompagner le suspect à son domicile. Lena qui l’aperçoit à nouveau depuis sa fenêtre en est effrayée. Derrick qui continuait de surveiller Horn fait à cette occasion la connaissance de l’ouvrier et se montre troublé. De retour à son bureau, il ressort le portrait-robot et commence à être gagné par l’idée que l’homme pourrait bien correspondre au suspect esquissé par Lena. Se rendant au garage, il obtient l’adresse de Mesmer et l’arrête. Acculé, celui-ci finit par reconnaître que lorsqu’il s’était rendu au domicile de l’ancienne épouse, il avait trouvé la porte ouverte et s’était laissé à fouiller le salon dans l’espoir de découvrir de l’argent « que les riches laissent traîner sans réaliser qu’il représente une provocation pour les pauvres », lorsqu’il fut surpris par la propriétaire outragée et qu’il ne trouva pas d’autre moyen pour qu’elle n’alerte pas les voisins par ses cris que de l’étrangler.

Le vrai coupable au commissariat, Mesmer, enfin identifié, interprété par Thomas Braut –qui incarnera un policier dans une sixième et dernière participation dans la série, Le congrès de Berlin (Ein Kongress in Berlin), l'acteur étant décédé en décembre 1979 à l'âge de 49 ans, bien qu'il soit apparu de manière posthume dans quelques productions télévisuelles diffusées en 1980.

L’inspecteur Derrick est ainsi implicitement amené à convenir qu’il s'est enferré dans son erreur en accusant obstinément Horn et en écartant d’emblée toute autre possibilité d’élucidation du crime, indéfectiblement convaincu par ce qui paraissait être une évidence inébranlable jusqu’à la révélation finale, l’identification du véritable coupable. Il n’en persiste pas moins à attribuer à Horn une motivation intéressée, celui-ci n’accordant selon lui de l’attention à sa belle-sœur que pour la protection qu’elle lui fournissait – on voyait il est vrai tantôt celui-ci lui intimant de ne surtout pas revenir sur son témoignage en sa faveur – jusqu’à ce que dans l'épilogue il manifeste en la retrouvant une complicité apparente. Le scénariste démontre ici à nouveau à quel point l'aspect psychologique est pour lui prédominant, renonçant délibérément à jouer sur le ressort du mystère policier puisque nous permettant d'assister en même temps que Lena à l'arrivée de l'inconnu dans la propriété dès la mise en place de l'intrigue, de sorte nous savons dès lors à la différence des policiers que son témoignage est fiable. Cet épisode est néanmoins rendu captivant par la justesse des interprétations, notamment celle d'Ursula Lingen dont la figure domine toute l’histoire qui démontre comment des circonstances particulières sont susceptibles d’amener deux personnes qui ne s’appréciaient pas à trouver un terrain d’entente et à établir des rapports apaisés et bienveillants entre eux, dénotant avec le ton ordinairement plutôt sombre de la série, comme dans un épisode précédent, L'embuscade, qui voyait à l'issue d'échanges très acides entre une doctoresse victime d'une tentative d'assassinat et son neveu qui se méprisaient advenir une véritable réconciliation.


Une réconciliation appelée à se prolonger.

*