Après l'arrêt d'Inspecteur Derrick, un programme télévisé,"Apen Post", se moqua de la série en 1998 sur la chaîne NRK, en Norvège où l'acteur Horst Tappert passait beaucoup de temps avec sa dernière épouse. La série fit également en 2004 l'objet d'une parodie sous la forme d'un dessin animé long format, Derrick, die Pflicht ruft ! ("Derrick, le devoir l'appelle") de Michael Schaack et Michael Ekbladh, mettant en scène les deux inspecteurs dans des situations cocasses et surréalistes, avec un style rappelant, aussi bien par le graphisme et la couleur que par l'humour absurde, celui de la série de dessins animés Inspecteur Gadget.
A l'instar de Richard Crenna interprétant le Colonel Trautman dans les trois premiers films de la saga Rambo qui avait parodié son personnage dans la comédie Hot Shots ! 2 réalisée en 1993 par Jim Abrahams, les deux acteurs récurrents ont accepté de prêter leur voix à leur double de papier, lesquels ne les valorisent pourtant pas, mettant en évidence les yeux rendus globuleux par les lunettes d'Horst Tappert et révélant sa calvitie dissimulée par une perruque, tout en se moquant de la petite taille de Fritz Wepper, présenté comme un nabot trapu à long nez. Ce dernier est aussi apparu en invité surprise dans l'émission française "Touche pas à mon prime" devant un humoriste qui parodiait la série.
La perspicacité de l’inspecteur munichois est parfois prise en défaut : c’est seulement en constatant l’impossibilité pour un passager d’avion de faire entrer son sac de voyage trop volumineux dans le casier du porte-bagage qu’il réalise soudainement que le principal suspect, le Gros Frank, est trop corpulent pour avoir été en capacité de s’introduire par une étroite porte dans le local technique de la salle de spectacle où il aurait modifié les installations électriques de manière à électrocuter une concurrente de l’Eurovision. Accessoirement, le dessin animé fait allusion à la sympathie du Pape Jean-Paul II pour le principal interprète de la série - laquelle fut évoquée dans l’article consacré en ces pages à Horst Tappert, une impressionnante et très autoritaire religieuse prêtant pour cette raison son concours au policier afin d’arracher ses aveux au coupable toujours marqué par l’emprise qu’elle exerça dans son éducation religieuse ; on le voit auparavant tenter d’écraser deux bonnes sœurs avec son car pour se venger de ce qu’il a alors dû endurer de l’institution.
Le dessin animé ironise sur le statut de subalterne d’Harry, qui ne supporte plus de demeurer dans l’ombre de l’Inspecteur Derrick, au point de souhaiter s’en émanciper chaque fois qu’il est possible et de suivre une psychanalyse afin de recouvrer une capacité à s’affirmer devant son supérieur, ce qui s’avère peu concluant.
L’œuvre se moque aussi très explicitement de la propension des producteurs à créer des groupes de jeunes chanteurs préfabriqués et immédiatement remplaçables, les "boys bands" alors très à la mode, afin de manipuler un public féminin fanatisé, comme le démontrent les jeunes filles fières d’avoir reçu en plein visage le vomi d’un des membres, ou cette autre qui jette en direction des interprètes sa petite culotte, quoique l’épithète soit peu approprié au vu de la morphologie volumineuse de l’admiratrice. Un épisode de la série conçue par Herbert Reinecker, Mort d’une fan, avait déjà illustré puissamment le sujet, en mettant en valeur aussi bien le cynisme du producteur que l’hystérie du public féminin poussant les plus hardies des groupies à chercher obstinément à se glisser dans le lit de la vedette pour s’offrir sans aucune retenue et sans souci des conséquences.
Il est manifeste que les auteurs de Derrick Pflicht ruck se sont affranchis délibérément du bon goût, le plus douteux étant atteint lorsque le petit chien d’une des vedettes, gonflé à l’hélium par l’intrigant attaché à nuire à sa maîtresse, s’envole dans les airs avant d’éclater et qu’Harry avale sans s’en apercevoir, en portant à ses lèvres sa coupe de champagne, un œil de la pauvre créature – le générique précise d’ailleurs qu’il s’agit du seul animal ayant subi un mauvais traitement dans le cadre de la réalisation du programme.
Les relations intimes y sont aussi passées au crible sans ménagement ni crainte des tabous. Alors qu’il enquête dans un bar homosexuel, l’Inspecteur Derrick subit manifestement une tentative déplacée de la part du tenancier. Harry, dont la voix du navigateur de son véhicule calquée sur celle de sa mère lui rappelle que sa dernière tentative de courtiser vingt ans plus tôt une jeune fille a inspiré à cette dernière le livre « Les hommes sont des porcs », préfiguration du mouvement "Me too", tombe en pâmoison devant la jeune chanteuse Tina, mais est incapable de la différencier jusque dans l’étreinte la plus charnelle d’Arno Hello, qui l’a séquestrée et essaie de se faire passer pour elle afin d’imposer ses chansons. Quant à l’Inspecteur Derrick, si dans la série il n’est pas rare qu’il lui soit donné d’apercevoir la poitrine de danseuses de bar dévêtues au cours de ses investigations, il ne les a jamais vues d’aussi près que dans le dessin animé puisqu’une envoyée du malfaiteur tente de le subvertir en lui collant ses seins sous le nez, ce à quoi le flegmatique détective teuton réagit en lui conseillant de se couvrir afin de ne pas prendre froid – une irradiation intense d’un rayon mis au point par un savant fou comparse du criminel, le Docteur Zark, le rendra cependant brièvement fou d’amour pour une journaliste au physique peu avantageux à l’occasion d’un final échevelé.
Cette expérience singulière fut un échec commercial, les spectateurs préférant, selon une formule consacrée, l'original à la copie, et l'oeuvre ne fut pas diffusée en dehors de l'Allemagne. Néanmoins, Horst Tappert et Fritz Wepper ont ainsi démontré aux petits esprits tournant en ridicule la série qu'en dépit du ton austère d'Inspecteur Derrick et de son climat parfois sinistre, ils étaient capables de faire preuve d'auto-dérision, ne laissant à personne d'autre le soin de prononcer les dialogues placés dans la bouche de leur caricature.
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