mercredi 13 avril 2022

ON N'EST JAMAIS SI BIEN SERVI QUE PAR SOI-MEME


        Après l'arrêt d'Inspecteur Derrick, un programme télévisé,"Apen Post", se moqua de la série en 1998 sur la chaîne NRK, en Norvège où l'acteur Horst Tappert passait beaucoup de temps avec sa dernière épouse. La série fit également en 2004 l'objet d'une parodie sous la forme d'un dessin animé long format, Derrick, die Pflicht ruft ! ("Derrick, le devoir l'appelle") de Michael Schaack et Michael Ekbladh, mettant en scène les deux inspecteurs dans des situations cocasses et surréalistes, avec un style rappelant, aussi bien par le graphisme et la couleur que par l'humour absurde, celui de la série de dessins animés Inspecteur Gadget


        A l'instar de Richard Crenna interprétant le Colonel Trautman dans les trois premiers films de la saga Rambo qui avait parodié son personnage dans la comédie Hot Shots ! 2 réalisée en 1993 par Jim Abrahams, les deux acteurs récurrents ont accepté de prêter leur voix à leur double de papier, lesquels ne les valorisent pourtant pas, mettant en évidence les yeux rendus globuleux par les lunettes d'Horst Tappert et révélant sa calvitie dissimulée par une perruque, tout en se moquant de la petite taille de Fritz Wepper, présenté comme un nabot trapu à long nez. Ce dernier est aussi apparu en invité surprise dans l'émission française "Touche pas à mon prime" devant un humoriste qui parodiait la série.



Richard Crenna semble reprendre son rôle du Colonel Trautman qu'il interprète magistralement dans la trilogie de Rambo dans la comédie Hot Shots ! 2, mais sa dignité va bientôt être éprouvée.

Un regard rapide pourrait laisser croire que cette photo est tirée de Rambo III, mais on peut constater à l'arrière-plan que le glacial envoyé de l'administration fédérale qu'incarnait Kurtwood Smith cède ici la place à une collègue féminine visiblement plus intéressée par la musculature d'un bonze que par la recherche dans sa retraite du vétéran du Vietnam que le Colonel voudrait bien recruter à nouveau.


Un doublage dans la bonne humeur dans un studio d'enregistrement amenant les deux principaux interprètes d'Inspecteur Derrick à prêter une dernière fois leur voix à leur personnage, cette fois pour de rire.

 Fritz Wepper ne ménage pas sa peine pour donner vie à son effigie née sur le papier.

        Derrick y étant censé avoir éliminé 100 % du crime à Munich, on lui confie une enquête portant sur des actions criminelles manigancées dans le cadre d’un concours de chant, le spectateur étant rapidement informé que le chanteur Arno Hello, qui porte aussi une perruque ainsi qu’un dentier pour paraître plus attrayant, est prêt à faire disparaître physiquement les compétiteurs susceptibles de lui ravir la victoire.

Deux silhouettes quelque peu familières.

Les deux enquêteurs dans leur bureau de Munich recréé par les dessinateurs.

        La perspicacité de l’inspecteur munichois est parfois prise en défaut : c’est seulement en constatant l’impossibilité pour un passager d’avion de faire entrer son sac de voyage trop volumineux dans le casier du porte-bagage qu’il réalise soudainement que le principal suspect, le Gros Frank, est trop corpulent pour avoir été en capacité de s’introduire par une étroite porte dans le local technique de la salle de spectacle où il aurait modifié les installations électriques de manière à électrocuter une concurrente de l’Eurovision. Accessoirement, le dessin animé fait allusion à la sympathie du Pape Jean-Paul II pour le principal interprète de la série - laquelle fut évoquée dans l’article consacré en ces pages à Horst Tappert, une impressionnante et très autoritaire religieuse prêtant pour cette raison son concours au policier afin d’arracher ses aveux au coupable toujours marqué par l’emprise qu’elle exerça dans son éducation religieuse ; on le voit auparavant tenter d’écraser deux bonnes sœurs avec son car pour se venger de ce qu’il a alors dû endurer de l’institution.

Cette religieuse au regard diabolique n'est pas issue d'un dessin animé inspiré du film S.O.S. Fantômes (Ghostbusters) mais de celui recréant le célèbre duo de policiers munichois.

        Le dessin animé ironise sur le statut de subalterne d’Harry, qui ne supporte plus de demeurer dans l’ombre de l’Inspecteur Derrick, au point de souhaiter s’en émanciper chaque fois qu’il est possible et de suivre une psychanalyse afin de recouvrer une capacité à s’affirmer devant son supérieur, ce qui s’avère peu concluant.

Harry espérait être provisoirement délivré de la tutelle de son supérieur et avait même suspendu irréverencieusement dans sa voiture un petit pantin à son effigie, mais son espoir a été immédiatement déçu.

Séance de psychanalyse pour Harry Klein qui a le sentiment de ne pas réellement exister au côté de son patron.

"Plus personne ne bouge - oh, c'est une saucisse..."

        L’œuvre se moque aussi très explicitement de la propension des producteurs à créer des groupes de jeunes chanteurs préfabriqués et immédiatement remplaçables, les "boys bands" alors très à la mode, afin de manipuler un public féminin fanatisé, comme le démontrent les jeunes filles fières d’avoir reçu en plein visage le vomi d’un des membres, ou cette autre qui jette en direction des interprètes sa petite culotte, quoique l’épithète soit peu approprié au vu de la morphologie volumineuse de l’admiratrice. Un épisode de la série conçue par Herbert Reinecker, Mort d’une fan, avait déjà illustré puissamment le sujet, en mettant en valeur aussi bien le cynisme du producteur que l’hystérie du public féminin poussant les plus hardies des groupies à chercher obstinément à se glisser dans le lit de la vedette pour s’offrir sans aucune retenue et sans souci des conséquences.

        Il est manifeste que les auteurs de Derrick Pflicht ruck se sont affranchis délibérément du bon goût, le plus douteux étant atteint lorsque le petit chien d’une des vedettes, gonflé à l’hélium par l’intrigant attaché à nuire à sa maîtresse, s’envole dans les airs avant d’éclater et qu’Harry avale sans s’en apercevoir, en portant à ses lèvres sa coupe de champagne, un œil de la pauvre créature – le générique précise d’ailleurs qu’il s’agit du seul animal ayant subi un mauvais traitement dans le cadre de la réalisation du programme.

        Les relations intimes y sont aussi passées au crible sans ménagement ni crainte des tabous. Alors qu’il enquête dans un bar homosexuel, l’Inspecteur Derrick subit manifestement une tentative déplacée de la part du tenancier. Harry, dont la voix  du navigateur de son véhicule calquée sur celle de sa mère lui rappelle que sa dernière tentative de courtiser vingt ans plus tôt une jeune fille a inspiré à cette dernière le livre « Les hommes sont des porcs », préfiguration du mouvement "Me too", tombe en pâmoison devant la jeune chanteuse Tina, mais est incapable de la différencier jusque dans l’étreinte la plus charnelle d’Arno Hello, qui l’a séquestrée et essaie de se faire passer pour elle afin d’imposer ses chansons. Quant à l’Inspecteur Derrick, si dans la série il n’est pas rare qu’il lui soit donné d’apercevoir la poitrine de danseuses de bar dévêtues au cours de ses investigations, il ne les a jamais vues d’aussi près que dans le dessin animé puisqu’une envoyée du malfaiteur tente de le subvertir en lui collant ses seins sous le nez, ce à quoi le flegmatique détective teuton réagit en lui conseillant de se couvrir afin de ne pas prendre froid – une irradiation intense d’un rayon mis au point par un savant fou comparse du criminel, le Docteur Zark, le rendra cependant brièvement fou d’amour pour une journaliste au physique peu avantageux à l’occasion d’un final échevelé.

L'inspecteur Derrick entame son enquête dans un établissement homosexuel dans lequel il va rapidement décider d'abréger ses investigations lorsque ses sollicitations ne suscitent pas le genre de coopération attendue.


Autre épisode tendant vers l'homosexualité, cette fois à peine refoulée, lorsque Harry Klein s'abandonne dans les bras d'Arno Hello, travesti en Tina (en haut) comme il le réalisera avec dégoût au lendemain d'une nuit d'abandon en retrouvant la véritable chanteuse (en bas).


Derrick reste de marbre devant les seins brandis par une allumeuse (en haut) mais laisse éclater une libido non réfrénée sous l'effet d'un rayon opérant un puissant conditionnement psychologique.

        Cette expérience singulière fut un échec commercial, les spectateurs préférant, selon une formule consacrée, l'original à la copie, et l'oeuvre ne fut pas diffusée en dehors de l'Allemagne. NéanmoinsHorst Tappert et Fritz Wepper ont ainsi démontré aux petits esprits tournant en ridicule la série qu'en dépit du ton austère d'Inspecteur Derrick et de son climat parfois sinistre, ils étaient capables de faire preuve d'auto-dérision, ne laissant à personne d'autre le soin de prononcer les dialogues placés dans la bouche de leur caricature.

Fritz Wepper et Horst Tappert semblent avoir fort bien accepté de se voir caricaturés dans le long métrage peu révérencieux auquel ils ont accordé leur concours, évoquant leur expérience alors que trônent leurs portraits loufoques.

L'acteur Horst Tappert ayant incarné le rôle principal dans les 281 épisodes de la série Inspecteur Derrick appose sa signature sur une représentation de son double de celluloïde, démontrant sa capacité à porter  un regard distancié et humoristique à l'endroit du personnage qui l'a rendu célèbre.

mardi 1 février 2022

L'AUTRE DUO DE DERRICK, seconde partie




UNE COLLABORATION FRUCTUEUSE

Suite de l'article précédent consacré à l'évocation des carrières du scénariste et du producteur de la série Inspecteur Derrick, appelées à se rejoindre dans cette seconde partie.

*

                   L'amorce d'une association fondatrice
                         
          Le producteur allemand Helmut Ringelmann à présent bien établi entreprend à partir du début des années 1960 de produire des séries télévisées policières, notamment avec le concours de la ZDF. Avec la capacité de travail du romancier et scénariste Herbert Reinecker, il était vraisemblable que celui-ci finisse par être recruté par le dynamique producteur, d'autant plus que leurs convictions les rapprochent à présent que l'auteur a rompu avec son engouement de jeunesse belliciste et se fait dorénavent le contempteur du totalitarisme. Le scénariste est engagé en 1963 pour écrire les deux premiers épisodes d'une série inspirée de faits réels relatifs aux agissements des services secrets de l'Est sur le sol de l'Allemagne fédérale, La Cinquième colonne (Die Fünfte Kolonne). 




La Cinquième colonne : photos du premier épisode, Es führt kein Weg zurück (les deux photos du haut), et du deuxième, Das Gelbe Paket (troisième photo), tous les deux écrits par Herbert Reinecker ; en dessous, Gerd Baltus, un acteur récurrent d'Inspecteur Derrick, apparaît dans les dix-septième et vingtième épisodes (à droite sur la photo du bas). 

        Il faut attendre quelques années pour que les deux hommes soient amenés à travailler de nouveau ensemble, avec trois oeuvres assez comparables, sous la forme de trois mini-séries de trois épisodes pour la ZDF réalisées par Wolfgang Becker. Dans La mort court derrière (Der Tod laüft hinterher) en 1967, une conspiration ourdie par une bande criminelle fait croire à tort à la mort d'une femme, dans Balbeck l'année suivante, un trafiquant d'armes s'avère avoir échangé sa place avec son garde du corps pour se jouer de ses adversaires, et dans 11 Uhr 20, un couple voyageant en Tunisie découvre dans le coffre de sa voiture un cadavre pourvu d'une carte d'identité qui ne lui appartient pas, se trouvant pris entre des réglements de comptes de gangsters s'intéressant aux ressources pétrolières. Différents futurs acteurs de la série Inspecteur Derrick figurent aussi dans la distribution, Pinkas Braun et Gerd Baltus dans la première trilogie, Helmut Löhner, l'acteur principal du second épisode d'Inspecteur DerrickJohanna, Raimund Harmstoff, Curd Jurgens, Siegfried Lowitz déjà évoqué plus haut ainsi qu'Horst Tappert en narrateur, dans la deuxième, Vadim Glowna et Karl Walter Diess déjà cités ainsi que Christiane Krüger et Hans-Michael Rehberg dans la troisième. Une autre association entre Ringelmann et Becker voit le jour la même année, Hôtel Royal, avec de nouveau Pinkas Braun, dans une intrigue portant sur le vol répété de bijoux, sur un ton plus léger que les histoires de Reinecker agencées pour le duo, avant une autre mini-série en 1970 toujours avec Joachim Fuchsberger, 11 Uhr 20, mais 1969 voit surtout le lancement des séries policières prolifiques écrites par Herbert Reinecker en qui le producteur voit une poule aux œufs d'or.

Joachim Fuchsberger dans le rôle principal de Der Tod laüft hinterher est confronté à bien des imbroglios ; l'acteur apparaît aussi en 1969 dans Hôtel Royal et reviendra en 1970 dans 11 Uhr 20.


Gerd Baltus, en haut à droite et Pinkas Braun, en bas à droite, deux acteurs vus dans Inspecteur Derrick, sont aussi à l'affiche de Der Tod laüft hinterher.

Helmut Löhner dans le rôle principal tragique de la mini-série Balbeck, qui interprétera le deuxième assassin à apparaître dans la série Inspecteur Derrick, dans l'épisode Johanna.




Des vacances qui tournent mal dans 11 Uhr 20, avec Joachim Fuchsberger en vedette. Pour une fois, la production a quitté Munich pour tourner en décors réels à Istambul, Tunis et dans le Sahara, par un hiver glacial qui a durement éprouvé l'équipe et sous la menace d'animaux vénimeux.

Herbert Reinecker en 1969, année qui le voit unir sa carrière de manière durable avec le producteur Helmut Ringelmann et la chaîne ZDF.


            La création de séries policières renommées

        Il ne manquait en effet à l'œuvre d'Herbert Reinecker que la création de personnages récurrents et populaires auprès du public et c'est à cette tâche que va s'adonner le scénariste sous l'influence du producteur. Cette collaboration redoublée est initiée en 1969 par Der Kommissar, une série en noir et blanc qui dure jusqu'au début 1976, dans lequel l'acteur Erik Ode interprète un policier un peu désabusé par le relâchement des mœurs, et dans lequel Fritz Wepper incarne pour la première fois l'adjoint Harry Klein. Ce dernier suivra son personnage sur la série Inspecteur Derrick tandis que son frère le remplacera dans l'équipe. La préproduction de la nouvelle série débute le 22 juin 1973. Il est décidé qu'elle sera tournée en couleurs avec le même support que les productions pour le grand écran et en utilisant des décors naturels à l'exception de l'intérieur du commissariat élaboré dans les fameux studios Bavaria, une reconstitution minutieuse d'un bureau du véritable commissariat central de Munich. Les histoires avaient été écrites de manière à s'étaler sur une durée d'une heure et demie, mais les responsables de la chaîne ZDF ayant exigé que leur format n'excède pas une heure, le producteur et le scénariste furent à leur grand regret contraints de revoir en urgence les sept scénarios qui avaient été présentés, de sorte que le tournage du premier épisode répondant à cette exigence, Le bus de minuit, puisse bien débuter le 27 juillet 1973 en début de matinée. La réalisation des épisodes était particulièrement soignée, chacun nécessitant deux semaines de tournage. Le succès incontesté d'Inspecteur Derrick à la télévision allemande et bientôt au-delà, dont la diffusion d'épisodes inédits s'étalera de 1974 à 1998, n'empêchera pas Helmut Ringelmann de lancer également de son côté Le Renard (Die Alte) en 1977. 

Tournage en 1969 d'un épisode de Der Kommissar avec Erik Ode dans le rôle principal.


Le bureau de l'Inspecteur Derrick, réplique conforme du vrai commissariat central de Munich, attestant la volonté de s'inscrire dans la réalité la plus concrète (source : https://ispettorederrick.it/l-ufficio-di-derrick).


La Caméra d'or, une récompense télévisuelle, est décernée en 1981 au scénariste Herbert Reinecker (plan américain sur la photo du haut, et figurant à l'extrême droite sur la photo du bas). Horst Tappert (à l'extrême gauche sur la photo de groupe) et Fritz Wepper (juste à côté), formant le duo d'Inspecteur Derrick, sont également honorés, ainsi qu'Erik Ode qui fut l'interprète principal de Der Kommissar, à la droite immédiate d'Herbert Reinecker.


Fritz Wepper, à droite, retrouve son ancien partenaire de Der KommissarErik Ode (au centre), sur la série Inspecteur Derrick, celui-là ayant mis en scène deux épisodes, Une forte personnalité et L'envie en 1979 (photo).

Herbert Reinecker en discussion avec le présentateur du journal d'information sur la Chaîne ZDF en 1995, au temps du tournage du 250 ème épisode d'Inspecteur Derrick.

Une complicité affichée devant les médias entre le scénariste Herbert Reinecker et Horst Tappert qui était son porte-voix dans la série Inspecteur Derrick, mais derrière cette entente existaient des dissensions. La vedette télévisuelle aurait souhaité que son personnage bénéficie de davantage de scènes d'action plutôt que de prononcer les réflexions au ton philosophique de l'auteur. Cette dualité prendra un tour plus ouvertement conflictuel à l'occasion du dernier épisode tant leurs intentions étaient opposées sur la conclusion qu'il convenait de donner à la série.

Le producteur entouré de ses deux acteurs principaux pour le 250ème épisode de sa production la plus célèbre.


Une brève apparition dans un garage à la manière d'Alfred Hitchcock du producteur dans l'épisode 174 d'Inspecteur DerrickLa Rose bleue


Le producteur (à gauche sur la photo du haut) apparaît de nouveau à l'écran dans l'ultime épisode d'Inspecteur Derrick dans l'assistance conviée à écouter le déclaration du policier quittant ses fonctions, laquelle réunit aussi les acteurs de son autre production Le Renard avec Rolf Schimpf et Michael Ande, au milieu (en bas), autre policier qui prendra à son tour sa retraite neuf années plus tard, mais cette série-là se poursuivra quant à elle avec une distribution toujours renouvelée - elle en est à son quatrième interprète en qualité de commissaire principal.


La seconde épouse d'Helmut Ringelmann, l'actrice Evelyn Opela (en haut au côté du producteur pour célébrer le 75 ème anniversaire d'Horst Tappert), est apparue dans plusieurs épisodes d'Inspecteur Derrick, comme dans l'épisode Judith dans lequel elle est assez bouleversante - cette photo prise sur le tournage, avec l'interprète principal Horst Tappert et au second plan l'acteur Holger Petzold qui est apparu dans pas moins de 23 épisodes de la série, semble indiquer que l'ambiance y était plus légère que l'atmosphère lourde de l'histoire.


La série originelle du Renard avec Siegfried Lowitz dans le rôle principal, au côté déjà de Michael Ande, qui est à l'affiche dès l'origine en 1977 (photo du haut) et figurera dans 400 épisodes de la série durant 39 ans.

La série Le Renard dure depuis plus de 40 ans ; ici, le producteur Helmut Ringelmann pose à côté de Rolf Schimpf (au milieu) qui a succédé à Siegfried Lowitz et tenu le rôle principal de 1986 à 2007, et de son acolyte Michael Ande (à gauche). Le record en la matière est cependant détenu par une autre série policière allemande similaire, Tatort, qui dure depuis plus de cinquante ans et dont un épisode sous forme de téléfilm a même été exceptionnellement diffusé aux États-Unis*.

Le producteur célèbre le triomphe ses deux séries vedettes avec Horst Tappert et Siegfried Lowitz à la Fête de la bière en octobre 1982, à laquelle prenait aussi part le véritable chef de la police de Munich.

Herbert Reinecker s'émancipe provisoirement de son producteur en 1983 à l'occasion de sa contribution à quelques épisodes de la série Das Traumschiff, lointainement inspirée de La Croisière s'amuse (The Love Boat), qui existe depuis 1981, ici sur un tournage à Rio aux côtés de l'actrice Heide Keller dans le rôle de la responsable de l'équipe des hôtesses.

Herbert Reinecker à nouveau célébré en 1989 pour son apport à la télévision allemande.

   Le duo Ringelmann-Reinecker lancera aussi la série Siska dans l'intention avouée de remplacer Inspecteur Derrick, dont le scénariste écrira les quatre premiers épisodes. Ayant perdu dans ses vieux jours l'usage de la vue, Herbert Reinecker dut dicter ses dernières histoires avant de s'éteindre le 27 janvier 2007 à 92 ans, après une longue carrière. Lui qui avait suivi dans ses jeunes années une courte formation de scénariste délivrée par la société de production Tobis devrait à son tour inspirer les scénaristes actuels par son aptitude à imaginer des situations et à intéresser à ses personnages, avec certes le renfort du talent de grands acteurs venus notamment du monde du théâtre et qui ont souvent aussi tourné dans Le Renard. Il fit toujours montre d'un art consacré de la narration et en dépit de sa mine souvent affable, il était intransigeant quant au respect scrupuleux par les interprètes des dialogues qu'il agençait soigneusement, comme s'en irritait Horst Tappert ayant la responsabilité d'être son porte-voix dans Inspecteur Derrick, un honneur qu'il devait mériter. En un peu plus de 30 ans de collaboration avec Helmut Ringelmann, son auteur principal aura livré 385 scénarios d'épisodes pour la ZDF, certains étant l'adaptation de ses propres romans, des films et téléfilms, des pièces de théâtres, des fictions pour la radio, soit un investissement soutenu que lui a reproché dans un livre, "Dance with Me, Papa", sa fille née de son premier mariage, Rita Reinecker, qui le dépeint comme un père absent.


Le producteur Helmut Ringelmann très présent au côté de Peter Kremer, l'interprète principal de la première saison de Siska.

Le scénariste prolifique à sa machine à écrire, concrétisant un jaillissement ininterrompu d'intrigues.

Couverture du livre critique qu'a consaré à Herbert Reinecker sa fille Rita, estimant que sa vie familiale a manqué de chaleur de la part de son père assez réservé et très investi dans son travail.

Un roman d'Herbert Reinecker au temps de sa série Der Kommissar, avant qu'Inspecteur Derrick ne lui apporte une reconnaissance et une renommée supplémentaire, son travail pour la télévision ne l'ayant pas empêché de mener conjointement une carrière littéraire, les deux s'étant parfois rejoints.

Une photo dédicacée du scénariste.

Un producteur comblé et célébré.

    Le producteur aura toujours assuré son auteur de son soutien, confiant dans sa prolixité comme dans sa capacité à agencer des histoires bien construites et capables d'intéresser le public. La seule l'exception en est l'épisode destiné à conclure la série Inspecteur Derrick, portant sur un sujet problématique, qui le contraindra à rendre un arbitrage défavorable envers une proposition à laquelle tenait particulièrement le scénariste, comme il en sera fait état dans un article dédié. Son fils Tobias issu de son premier mariage avait été son assistant sur Inspecteur Derrick et Le Renard et avait joué dans certains épisodes, deux épisodes de Der Kommissar, un du Renard, et deux d'Inspecteur Derrick, interprétant un employé non crédité au générique dans l'épisode Les indésirables et un autre personnage dans L'Affaire GoosHelmut Ringelmann est décédé le 20 février 2011, sa disparition fermant une page glorieuse de la télévision allemande qui demeurera notamment au travers d'Inspecteur Derrick.



Le fils du premier mariage du producteur, Tobias Ringelmann dans Der Kommissar et Inspecteur Derrick, qui comme son père s'est principalement tourné vers la production télévisuelle.

Une biographie posthume consacré à Helmut Ringelmann par Wolfgang Jacobsen, éditée par sa veuve, l'actrive Evelyn Opela-Ringelmann.


(lequel a été évoqué depuis dans l’hommage au réalisateur Wolfgang Petersen : http://creatures-imagination.blogspot.com/2022/09/nul-nest-prophete-en-son-pays.html )