samedi 22 mai 2021

IL INCARNAIT LE JUSTICIER TRANQUILLE MAIS OBSTINE DE LA TELEVISION ALLEMANDE

 

         Horst Tappert a endossé le rôle de l’Inspecteur Stefan Derrick tout au long de la série, devenant la figure emblématique de la télévision allemande et, en dépit de son peu d’exubérance, un acteur admiré, notamment auprès d’un public féminin d’un certain âge, sensible à son maintien et à son élégance, même s’il n’était pas aussi sémillant et malicieux que Patrick McNee incarnant au travers de John Steed le prototype du gentleman britannique dans Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers). La série Derrick se déroule dans un monde totalement réaliste à l’instar de la plupart de celles mettant en scène des détectives et son personnage de policier se présente comme un homme relativement ordinaire, auquel son interprète se confondant avec son personnage confère une normalité sans aspérité, paraissant ainsi proche du public auquel elle est destinée, bien que peu de productions ayant une approche similaires ont rencontré un succès mondial comparable. Cette austérité allait jusqu’à être perçue comme glaciale par ceux qui sont rétifs à la série, et il est vrai que la rigueur toute germanique de Stefan Derrick, bien que non dépourvue d’humanité, relève à titre de comparaison d’une tonalité assez différente du caractère plus chaleureux que Tom Selleck a apporté au détective Thomas Magnum dans la série américaine éponyme, lequel suscitait spontanément la sympathie.

            L’acteur allemand est né le 26 mai 1923. Son père travaillait à la Poste. Au sortir de l’école élémentaire, il débute dans la vie active comme employé de commerce. Après avoir été réserviste auprès d’une batterie anti-aérienne, il est au cours de la Seconde Guerre mondiale incorporé dans une unité combattante sous l’uniforme de la SS dans des circonstances qui ne sont pas connues et ne permettent pas de savoir s’il s’agissait d’un engagement volontaire étant donné que le régime aux abois finit par enrôler de force les jeunes Allemands dans la SS, comme évoqué dans l’article précédent sur la controverse dont la série fit assez récemment l’objet. Dans ses mémoires, il avait prétendu être ambulancier mais les archives ont indiqué qu’il avait été affecté avec le grade de simple soldat sur le front de l’Est en 1943 dans une unité motorisée, et il est peu de temps après blessé au dos et au bras en Ukraine lors de la Troisième Bataille de Kharkov qui oppose les troupes allemandes et soviétiques dans un affrontement impitoyable. À l’issue de quelques jours de convalescence, il est renvoyé à l’arrière, en Pologne puis en Autriche.

            Après la guerre, Horst Tappert est employé quelque temps comme ouvrier spécialisé et il est aussi amené à tenir la comptabilité d’un théâtre ; son intérêt pour la scène se met à croître et en 1946, il suit des cours pour devenir comédien. À la fin des années 1940, il apparaît dans différentes pièces et dix ans plus tard il s’essaie au petit et au grand écran, où il est amené à interpréter alternativement des rôles de policiers et de truands, quelquefois des ecclésiastiques. 

Horst Tappert à la fin des années 1950

Horst Tappert barbu dans une interprétation théâtrale.


Horst Tappert en 1968 dans la pièce Ein lückenloses Alibi (en haut), un intérêt pour le théâtre qu'il réaffirme en 1986 dans Die leichten Herzens sind (en bas).

        Il incarne pour la première fois un détective en 1961 dans la série Zu viele Köche. Il joue un rôle de bandit en 1962 dans Er kann’s nicht lassen, au côté d’Heinz Rühmann (lequel partagera en 1966 la vedette avec Fernandel dans la comédie La bourse et la vie de Jean-Pierre Mocky) puis un personnage sinspirant de l'organisateur de la célèbre attaque du train postal Glasgow-Londres du 8 août 1963 réalisée sans effusion de sang dans la série télévisée en trois parties, Die Gentlemen bitten zur Kasse.


Horst Tappert dans le rôle du malfaiteur organisant le vol de l'argent acheminé par le train postal depuis Glasgow jusqu'à Londres, un personnage qui inspirera aussi celui du Cerveau réalisé en 1969 par Gérard Oury et incarné par David Niven au côté du duo formé par Bourvil et Jean-Paul Belmondo, dans lequel on retrouve des scènes similaires.

Horst Tappert dans un autre de ses rôles de gangsters dans Le Château des chiens hurlants (Der Hund von Blackwood Castle), film noir dans une ambiance d'épouvante parfois non dénuée d'humour d'Alfred Vohrer de 1968, une adaptation cinématographique d'un roman d'Edgar Wallace par le futur scénariste d'Inspecteur Derrick, Herbert Reinecker.


L'acteur interprète la même année un policier, l'Inspecteur Perkins, dans un autre film noir non dénué d'humour quelque peu grotesque dans Le Gorille de Soho (Der Gorilla von Soho) d'Alfred Vohrer, avec son criminel sévissant sous un déguisement. L'auteur Edgar Wallace a été associé à un autre gorille célèbre puisque peu avant de décéder des effets du diabète et d'une double pneumonie, l'écrivain avait achevé la version initiale du scénario du King Kong original.

Une bonne soeur décidée à ne pas rester sans défense, des années avant la religieuse particulièrement énergique se confrontant à la reine des démons Lilith dans le film d'épouvante La Nuit des démons 2 (Night of the Demons 2) de Brian Trenchard-Smith.


Une impression de Double meurtre dans la Rue Morgue, avec ce malfaiteur déguisé en gorille.

Le visage défiguré du malfaiteur principal.

Dans Le Gorille de Soho, Horst Tappert donne notamment la réplique à Ralf Schermuly qui figurera en bonne place dans cinq épisodes d'Inspecteur Derrick.


Incarner de nouveau le service de la loi dans Le Gorille de Soho ne met pas le personnage incarné par Horst Tappert à l'abri des situations périlleuses, à fortiori lorsqu'il est pris en tenaille par les armes de ses ennemis - l'inspecteur Derrick auquel l'acteur prête ses traits dans la série éponyme fera face à plusieurs tentatives d'assassinats.


Horst Tappert retrouve l'année suivante le rôle de l'Inspecteur Perkins dans L’homme à l’œil de verre (Der Mann mit dem Glasauge) réalisé en 1969 d'après un roman d'Edgar Wallace, qui comporte parmi la distribution Fritz Wepper qui deviendra son adjoint dans la série Inspecteur Derrick.



Dans Sieben Tage Frist, une enquête ayant pour cadre un internat dans lequel règne une camaraderie virile parfois à la limite de l'équivoque (certains laissent d'ailleurs entendre que le réalisateur Alfred Vohrer aurait pu être homosexuel), Horst Tappert interprète l'inspecteur en chef Klevenow, moins policé que le personnage éponyme qu'il incarnera dans Inspecteur Derrick, n'hésitant pas à cracher fort inélégamment ses bouts de cigare, l'acteur n'y apparaissant pas particulièrement à son avantage.

Horst Tappert pose à l'occasion de la promotion du film Sieben Tage Frist en 1969 avec le réalisateur Alfred Vohrer (à droite). Celui-là, enrolé dans la Wehrmacht et qui perdit son bras droit en 1941 sur le front russe, a réalisé plusieurs adaptations des romans d'Edgar Wallace avec Horst Tappert, Le Château des chiens hurlants, Le Gorille de Soho et L’homme à l’œil de verreainsi que pas moins de 28 épisodes d'Inspecteur Derrick dont un certain nombre d'entre eux particulièrement marquants tels que Pricker, Choc et Mort d'une fan. A l'extrème gauche sur la photo figure l'acteur Joachim Fuchsberger, qui fut la vedette de la mini-série Der Tod laüft hinterher en 1967, deuxième collaboration entre le producteur Helmut Ringelmann et le scénariste Herbert Reinecker, promise à se répéter à de multiples occasions, notamment au travers d'Inspecteur Derrick.

Photo de tournage d'une petite fable morale réalisée en 1967 par Jerzy MacHeißer Sand auf Sylt, dans laquelle Horst Tappert incarne un chef d'entreprise frappé par la crise de la quarantaine, qui rejoint une jeune femme émancipée sur l'île de Sylt en mer du Nord dans une petite communauté naturiste avant de revenir dans le droit chemin.

Petit intermède comique à l'occasion de Der Kapitän en 1971, dans lequel Horst Tappert retrouve Heinz Rühmann (à gauche), incarnant le Captaine Wilhelm Ebbs, soudain en charge d'un paquebot de luxe à l'opposé des cargos dont il était jusque-là responsable ; les scènes réalisées au Studio Bavaria de Munich ont été complétées par un tournage à Kiel et en Méditerranée pour les plans extérieurs.

Horst Tappert a tourné sous la direction du réalisateur espagnol Jesus Franco surtout connu pour ses films érotico-horrifiques, à l'occasion de trois productions hispano-germaniques à l'ambiance policière au début des années 1970, Crimes dans l'extase (Sie tötete in Ekstase) avec une psychopathe qui annonce celle de Basic Instinct, Le Diable vient d'Akasava (Der Teufel kam aus Akasava) avec sa pierre philosophale et Horst Tappert dans le rôle du Docteur Andrew Thorrsen (voir photo ci-dessus) et en 1972, Der Tödesrascher von Soho, dans lequel il interprète un agent du FBI corrompu, ancien trafiquant de drogue, qui accomplit sa vengeance en l'empoisonnant ses anciens complices auxquels il reprochent de l'avoir entraîné dans la toxicomanie.*. 

 Lorsque le producteur Helmut Ringelmann décide de produire la série Derrick pour la chaîne allemande ZDF en faisant de nouveau appel au scénariste de sa série précédente Der Kommissar, Herbert Reinecker, il recrute Horst Tappert qui y avait fait de fréquentes apparitions, et pour le seconder Fritz Wepper qui y incarnait déjà l’inspecteur Harry Klein. Tappert prête son autorité assez flegmatique et quelque peu guindée au détective de cette série qui se veut résolument psychologique, comme s’obstinent à ne pas le comprendre les esprits forts qui ironisent sur le rythme trop lent à leur goût des enquêtes. L’acteur lui-même exprima quelquefois sa lassitude en estimant que son personnage gagnerait à être plus dynamique et il déplora que la série comporte de plus en plus de dialogues à dimension philosophique. Cependant, celle-là séduisit rapidement un large public, fut traduite en douze langues et diffusée dans 108 pays, aussi Helmut Ringelmann soutint indéfectiblement son scénariste, bien conscient qu’il représentait la pièce maîtresse de cette alchimie miraculeuse qui a porté sa création bien au-delà des frontières de son pays, et l’interprète se fit une raison. 

La première apparition à l'écran d'Horst Tappert dans la série Inspecteur Derrick, découvrant le corps d'une lycéenne assassinée, dans Le Chemin à travers bois (Waldeg), exprimant sa consternation devant l'anéantissement d'une jeune vie.

Horst Tappert confère à son personnage de détective une assurance jamais prise en défaut avec laquelle il résoud ses enquêtes par sa tenacité et sa bonne compréhension de la nature humaine.

La série Derrick dura 25 ans, d’octobre 1974 à octobre 1998, et l’acteur assura lui-même la réalisation de onze épisodes. Comme Leonard Nimoy, interprète de Mr Spock dans la saga Star Trek - lequel a aussi réalisé plusieurs films de la saga, Horst Tappert éprouva des sentiments ambivalents, partagé entre la consécration que lui apportait le rôle et son assignation au personnage dans lequel tendait à l’enfermer cette notoriété. Ce n’est qu’assez récemment qu’il révéla que sa coiffure impeccablement peignée indissociable de l’apparence physique soignée du détective bavarois n’était qu’un complément capillaire, un accessoire dont on le gratifiait avant le tournage pour dissimuler sa calvitie. En dépit de l’assurance inébranlable du personnage qu’il interprétait, la personnalité d’Horst Tappert était plutôt effacée et malgré sa longue association professionnelle avec Fritz Wepper, les deux hommes ne se fréquentaient pas hors des tournages, même s’ils partageaient un intérêt commun pour la chasse, semble-t-il plus obsessionnel chez ce dernier. Horst Tappert dirigea lui-même onze des épisodes de la célèbre série, entre 1986 et 1997.

L'acteur supervisa en personne onze épisodes de la série qui lui assura une notoriété planétaire.

Fausse carte de l'Inspecteur Derrick présentée en 2018 au Musée de l'histoire de la République fédérale allemande à Bonn pour célébrer la part de la série Inspecteur Derrick dans l'audiovisuel germanique, confirmant la place que cette création revêt dans la culture populaire nationale.

Version française de l'autobiographie d'Horst Tapper, évoquant notamment ses années de théâtre et la part un peu envahissante qu'a pris son rôle de l'Inspecteur Derrick.

            À l’âge de 75 ans, Horst Tappert arrête la série Derrick comme il l’avait annoncé, jugeant que son âge lui commande de réduire ses activités, et il limite ses apparitions à l’écran. Il décède dix ans plus tard, le 13 décembre 2008, presque deux années après le scénariste qui l’avait rendu célèbre, lequel s’est éteint le 27 janvier 2007. 

Horst Tappert dans sa propriété en Norvège.

Bien après avoir été un vicaire en 1962 dans Das Halstuch, Horst Tappert interprète un cardinal en 2000 dans Der Kardinal - der Preis der Liebe, un téléfilm dans lequel le Vatican est fragilisé par la mise à jour de la vie privée d'écclésiastiques.

Avoir incarné un cardinal n'a pas empêché les contempteurs d'Horst Tappert de s'acharner sur sa réputation après sa disparition de sorte qu'il ne soit plus en odeur de sainteté et définitivement relégué au purgatoire télévisuel, pion sur l'échiquier de l'histoire rattrapé par les épurateurs de la dernière heure, tandis que les grands groupes économiques qui avaient accompagné l'effort de guerre inhumain du III ème Reich n'avaient à l'inverse jamais été véritablement stigmatisés. L'acteur populaire a emporté avec lui les secrets qu'il aurait pu éventuellement avoir sur la conscience mais qui demeurent en l'état de l'ordre de la spéculation. 

        Horst Tappert avait été marié trois fois, la dernière en 1957, mariage qui a perduré jusqu’à sa disparition à l'âge de 85 ans, victime des effets du diabète. Sa tombe très modeste dans la banlieue Ouest de Munich ne comporte que la simple mention de son nom et la gravure de deux petits masques stylisés faisant allusion à sa profession. L'acteur s’était vu décerner la médaille d’honneur de la police de l’état de Bavière pour son illustration télévisuelle de la défense de la loi au travers de son personnage d’inspecteur de Munich et était une figure estimée lorsqu’il a disparu. 

Horst Tappert honoré par la police bavaroise à l'occasion de son 75ème anniversaire pour son incarnation du policier Derrick, un personnage duquel il se sentait quelque peu prisonnier, mais qui lui a aussi apporté la consécration professionnelle et la notoriété. Les autorités bavaroises avaient envisagé de retirer à titre posthume sa médaille d'honneur de la police suite à la polémique portant sur son passé durant la guerre.

    Il ne se doutait vraisemblablement pas que des années plus tard, et alors qu’il n'avait pas été un zélateur du nazisme comme le fut Herbert Reinecker, sa mémoire serait entachée d’opprobre en 2013 par l’exhumation de sa carrière militaire dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cette justice d’outre-tombe s’attache bien tardivement à mettre en cause un exécutant qui fut peut-être plus le jeu des évènements que véritablement un acteur de cette période effroyable. Cette controverse remue un passé ancien et révolu, formule des questions qui ne trouveront vraisemblablement jamais de réponses, avec cette dénonciation se voulant exemplaire. Subsiste une série tout à fait digne d’intérêt dont Horst Tappert fut avec plus ou moins de réticence la personnification au-delà même de sa participation au programme et à laquelle il demeure à jamais associé.

Horst Tappert au temps de sa gloire reçu avec les honneurs par le Pape Jean-Paul II.



lien du fan club italien d'Horst Tappert : https://horsttappert.com/ (actuellement désactivé depuis la publication)

mercredi 24 mars 2021

UN SCANDALE OPPORTUN

Rattrapé par les zones d'ombre du passé de l'interprète du rôle-titre, les lumières s'éteignent autour de la série Inspecteur Derrick, une affaire que l'on se doit d'évoquer ici. 

                La série Derrick a soudainement cessé d'être diffusée en 2013, en France comme en Allemagne, suite à une polémique dont tous se souviennent. Cette décision brutale mettait une conclusion définitive à un long processus. Après avoir été retirée de la seconde chaîne pour être déplacée sur la troisième moins prestigieuse, cette dernière avait par la suite déjà tenté à plusieurs reprises de s'en débarrasser en modifiant l'horaire de diffusion du début d'après-midi, comme en la déplaçant à 9h45 du matin en janvier 2011, de même qu'en la déprogrammant régulièrement à diverses occasions telles que des compétitions de tennis ou la cérémonie organisée dans ce créneau horaire par la télévision publique pour le retour des deux reporters Ghesquière et Taponier qui avaient été détenus par des islamistes, mais le public était resté fidèle, exigeant son retour. Derrick était outrancièrement assimilé aux publicités pour les personnes très âgées qui étaient diffusées juste avant la série, en faisant "l’icône des hospices". On tournait en dérision les supposés vieux imperméables de l'inspecteur alors que ses costumes n'étaient pas sans élégance tandis que celui froissé de l'inspecteur Columbo est considéré avec attendrissement, et les mêmes qui fustigeaient la lenteur du rythme des épisodes ne trouvaient rien à dire à celui comparable de ceux de la série Maigret avec Bruno Cremer, lesquels, comme ceux de Columbo, durent pourtant plus longtemps. C'est peu dire que l'exhumation d'un passé lointain a été vécue comme une aubaine pour des programmateurs cherchant à se débarrasser définitivement du flegmatique mais coriace Teuton, qui n'était pas épargné par des relents fleurant une certaine germanophobie.

La vulgate réduisait systématiquement le public d'Inspecteur Derrick à des spectateurs âgés, voire grabataires pour ironiser sur l'ennui prêté à la série censée n'être visionnée que par des personnes passives voire endormies devant leur poste ; la presse avait notamment mis en évidence Josette qui, à 81 ans, regrettait qu'on la prive de sa série préférée, mais elle était loin d'être un cas isolé. 

        On a attendu la disparition de l'interprète principal pour le vouer aux gémonies et entraîner le discrédit sur l'ensemble de la série, alors qu'il n'était plus là pour répondre aux accusations. Dans son autobiographie, l'acteur Horst Tappert n'avait cependant pas nié avoir servi sous le Troisième Reich même s'il avait prétendu avoir été simplement ambulancier et il avait ajouté n'avoir jamais adhéré à l'idéologie nazie, avant que les informations que recelaient les archives apportent un nouvel éclairage sur cette période. Ces sources ont finalement indiqué qu’il avait été affecté en 1943 à un régiment de chars de la SS, avec le niveau le plus bas dans l’infanterie. Blessé au bras et dans le dos lors de combats en Ukraine, il aurait été rapidement évacué et transféré en Pologne puis en Autriche. Selon les recherches d’historiens, l'unité de S.S. à laquelle il appartenait ne participait plus à l'époque à des crimes effroyables mais avait alors la tâche d'assurer la défense arrière. Son cas n’est pas sans rappeler celui du Cardinal Ratzinger devenu le Pape Benoît XVI, qui intégra contre son gré les Jeunesses hitlériennes, même s'il parvint à éviter d'être versé dans la SS en invoquant sa vocation religieuse, ce qui ne l'empêcha pas d'être affecté à défaut dans l'armée régulière. Les procureurs de la dernière heure n'ont jamais apporté la preuve que Tappert avait endossé volontairement le sinistre uniforme. Hitler avait besoin du concours de l'armée régulière, la Wehrmacht, pour ses projets bellicistes, de sorte qu'il n'a pas hésité pour endiguer son mécontentement à faire assassiner tous les responsables de sa propre organisation armée, la SA, qu'elle percevait comme sa rivale, par sa troupe d'élite, la SS ; par la suite, cependant, il placera la Wehrmacht sous la direction de cette dernière et elle-même s'avérera avoir pris sa part des crimes. Il fera croître l'organisation paramilitaire nazie en y enrôlant, parfois sous la contrainte, de jeunes effectifs, et son chef suprême Himmler n'aura aucune hésitation à abaisser avec le plein assentiment du Führer l'âge des recrutements pour remplacer les 3 millions d'Allemands déjà morts sur le front de l'Est afin de poursuivre leur projet impérialiste démentiel jusqu'à l'ultime limite au risque de sacrifier avec cynisme la nouvelle génération dont ils prétendaient éclairer l'avenir, servant de chair à canon alors que depuis l'hiver 1942, les régiments étaient décimés sur le front soviétique selon les ordres d'un dirigeant de plus en plus coupé de la réalité.

On a attendu des années après l'enterrement d'Horst Tappert (au milieu, sa veuve, l'actrice Ursula Pistor et ses deux enfants survivants - à l'époque) pour dresser un réquisitoire assez sommaire.

        Il faut se rappeler que ceux qui ont refusé de se conformer à cette mobilisation ont soit fuit l'Allemagne comme le futur Chancelier Willy Brandt, soit ont payé de leur vie leur opposition, comme les 100 000 résistants allemands exécutés – sans parler d'opposants potentiels et jusqu'à des membres du Parti nazi massacrés sans sommation avec les dirigeants SA à la demande d’Hitler lors de la Nuit des Longs Couteaux pour écrémer ses  troupes, comme Staline le fera de manière répétée dans son propre camp. Un médecin militaire allemand qui avait protesté contre la torture d'un prisonnier avait à son tour été supplicié et finalement abattu sous les yeux de celui dont il désapprouvait le mauvais traitement. Sur le front opposé, les soldats soviétiques qui n’avançaient pas vers l’ennemi étaient immédiatement abattus d’une balle dans la nuque par leur officier sur ordre de Staline, et il n'en allait pas véritablement autrement même dans l'armée française. Alors qu’on répète à l‘envi que le Führer était un être impitoyable, il faut tout de même bien avoir à l'esprit à titre de comparaison, alors qu'on vient de commémorer la fin de la Première guerre mondiale, que dans une démocratie comme l'était pourtant la Troisième République, on a été jusqu'à fusiller sans jugement des appelés pour l'exemple, à seule fin d'exercer une pression sur les troupes, comme illustré dans le fameux film Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, longtemps interdit en France, auquel a contribué Helmut Ringelmann, futur producteur d'Inspecteur Derrick. Dans ces conditions, il aurait été bien difficile que l'Allemagne d'après-guerre ne fonctionne qu'avec des personnes indemnes de toute participation, y compris contrainte, au régime déchu.

Horst Tappert à l'âge de 19 ans, alors versé dans un régiment de SS au moment où l'Allemagne nazie commençait son lent effondrement sous la poussée des forces armées soviétiques.

Bien qu'Horst Tappert ait minimisé sa participation à la Seconde Guerre mondiale dans son autobiographie, le journaliste Olivier Barrot qui, dans son émission "1 livre, 1 jour" rendant compte en 1999 de la sortie de ses mémoires, s'honorait que la Troisième Chaîne ait popularisé le personnage du policier allemand auprès du public français, n'y présentait pas moins l'acteur dont il faisait l'éloge comme "ayant combattu sur le Front de l'Est", ce qui relativise quelque peu la portée de la révélation ayant suscité une indignation unanime.

        Cet ostracisme à l'égard d'Horst Tappert, dont la mémoire est unanimement mise à mal, tranche avec la bienveillance affichée, par exemple, pour le militant politique italien et écrivain de polars Cesare Battisti, un temps réfugié en France, qui a été à plusieurs reprises condamné pour complicité dans quatre assassinats, action dont a également résulté la tétraplégie d'un enfant. De la même façon, qui oserait demander qu'on ne diffuse plus le film Capricorn One parce qu'un des principaux acteurs, O.J. Simpson, a été condamné pour un double meurtre, ou bien La folie des Grandeurs, parce qu'Yves Montand soutint, même après l'invasion de la Hongrie, l'Union soviétique. On vient aussi, malgré le démenti de son fils, de révéler que l'interprète de Solaris de Tarkovski, Donatian Banionis, également décédé, aurait été un agent du KGB, ce qui est infamant quand on sait qu'une simple dénonciation en URSS pouvait y signifier la mort au Goulag. Le metteur en scène lui-même, Andrei Tarkovski, corrigeait parfois sa fille à coups de laisse de chien et pour son film Andrei Roublev a fait précipiter dans un escalier un cheval certes promis à l'abattoir avant de lui faire percer le flanc par une lance... La liste de personnalités à bannir pourrait être longue : faudrait-il renoncer aux contes d'Andersen, qui a laissé mourir de faim sa cousine alors qu'il commençait à connaître le succès, aux films produits par Edison qui a torturé chats et chiens pour ses expériences sur l'électricité, à ceux avec l'acteur Klaus Kinski qui s'est durant le tournage de Creature vanté auprès du réalisateur William Malone d'avoir violé ses deux filles ? La liste peut être infinie, on se souvient du scandale sexuel concernant l'acteur Kevin Spacey, la sœur de Natalie Wood a révélé récemment qu'à l'âge de 16 ans et sous la pression de sa mère qui estimait que cela serait profitable à sa carrière, l'actrice avait concédé à contrecœur à une relation intime avec Kirk Douglas, Charlie Sheen a été accusé d'avoir abusé les acteurs Corey Haim et Corey Feldman encore tout jeunes, des accusations similaires ont été portées à l'encontre de l'acteur Jeffrey Jones, on se rappelle aussi du procès initié contre le chanteur Michael Jackson et de l'affaire Polanski. On peut comprendre à l'aune des révélations récentes le malaise qu'il y a dorénavant à regarder Kirk Douglas sur un écran, mais vouloir le censurer amènerait à bannir des œuvres aussi marquantes que 20.000 Lieues sous les mers, Ulysse, Spartacus, Les Sentiers de la  gloire, Les Vikings ou encore Saturn 3. L'acteur Rip Torn a été accusé de violences sous l'emprise de l'alcool, notamment d'avoir frappé avec un marteau la tête du réalisateur Norman Mailer sur le film Maidstone, Winona Ryder a été arrêtée pour cleptomanie, on pourrait sans aucun doute multiplier les exemples de conduites fort peu recommandables parmi les célébrités si on s'intéressait plus avant à la question. Sujet problématique, d'autant que les épurateurs ne se contentent pas des faits condamnables dont ont pu se rendre coupables des artistes, mais étendent leur entreprise de redressement jusqu'aux pensées dorénavant jugées non conformes, même exprimées dans un cadre purement privé, annonçant l'emprise croissante de surveillance des opinions puisqu'à présent, il devient possible d'entamer des poursuites à l'encontre de propos tenus à son domicile devant des proches. Certains ont dans cette optique fait le procès idéologique du grand écrivain américain Howard Phillips Lovecraft en déclarant son portrait indésirable comme icône dans les cérémonies du World Fantasy Award mettant à l'honneur le Fantastique pour non conformité avec l'idéologie moderne prônant le métissage, devenue désormais la norme dans les médias. 

Le prix décerné sous forme de buste à l'effigie de l'écrivain renommé Howard Phillips Lovecraft banni depuis 2016 par les organisateurs qui l'ont déclaré persona non grata.

      Il apparaît nécessaire de se défier de l'idolâtrie, de distinguer les représentations de leurs interprètes, les œuvres de leurs auteurs, lesquels peuvent comporter une part d'ombre, même si on les voudrait admirables voire exemplaires, d'autant que bien des faits ne sont révélés que rétrospectivement. Arte a bien diffusé l'opéra Carmina Burana signé par un compositeur proche du 3ème Reich, Carl Orff, interprété par un orchestre chinois, sans susciter de psychodrame médiatique, de la même manière que le grand compositeur Richard Wagner fut joué récemment en Israël en dépit de son antisémitisme notoire - à noter que le premier est curieusement moins stigmatisé que le second qui, ayant vécu au XIXème Siècle, ne peut être rendu comptable du nazisme même si ses dirigeants ont mis particulièrement à l'honneur son œuvre.

Horst Tappert endosse de nouveau un uniforme, cette fois à l'écran.

            De surcroît, Horst Tappert ne fut que l'interprète, parfois récalcitrant, de la série, lequel aurait souhaité plus d'action et "moins de philosophie", et la censure prive aussi le spectateur de la prestation de centaines d'autres acteurs brillants, parfois au premier plan dans l'épisode. Il faut dire que le personnage de l'Inspecteur Derrick n'est parfois qu'un prétexte, un alibi policier, pour exposer des situations, interprétées souvent avec brio par des acteurs aguerris, touchant à des schémas fondamentaux. C'est en fait au travers de la personne du scénariste Herbert Reinecker, que sa fille considère comme un père trop absorbé par son œuvre pour avoir été suffisamment présent, que les censeurs auraient pu trouver des accointances passées, et connues de tous, avec l'hitlérisme, son patriotisme ayant dans l'enthousiasme de la jeunesse été dévoyé par le régime. A l'âge de vingt ans, il était rédacteur d'un mensuel berlinois diffusant l'idéologie national-socialiste auprès de la jeunesse et il alla jusqu'à glorifier dans une pièce de théâtre l'avancée des troupes SS en Russie, qui représentait une guerre d’agression confinant à l'extermination. Comme un autre écrivain allemand célèbre, Ernst Jünger, le jeune homme est exalté par la geste héroïque qui s'exprime dans la guerre. En 1934, il coécrit Jugend in Waffen ! qui dépeint non sans emphase l'enthousiasme de la mobilisation de la jeune génération en Italie, Allemagne, France, Angleterre ou encore Russie stalinienne, se préparant déjà au terrible conflit qui va l'emporter. Son roman historique de 1939 L'homme au violon (Der Mann mit der Geige) rencontre un grand succès, lui vaut l'appui du ministre de la propagande Goebbels et est adapté au cinéma en 1942 sous le titre The Rainer Case (Der Fall Rainer). Il écrit en 1942 la populaire pièce de théâtre "Le village près d'Odessa" sur l'installation de civils allemands à l'Est. Il apporte durant dix ans sa contribution à la propagande et est affecté comme correspondant de guerre dans la douzième division de la jeunesse hitlérienne, laquelle se distingue tristement en Normandie par des exécutions de civils et de prisonniers canadiens. Pris par l'engrenage de la guerre, le jeune homme ne réalise pas alors, comme il le concédera par la suite, à quel point son pays s'est enferré dans une spirale effroyable. Il demeurera convaincu de la justesse de l'impérialisme nazi jusqu'à la défaite, se réfugiant provisoirement en Autriche après avoir une dernière fois livré une contribution à la glorification du régime. Ce processus de déshumanisation à l'œuvre lors des conflits n'épargne aucun camp, qu'on se souvienne des bombardements sans soucis des civils de l'aviation alliée en Normandie, à Dresde qu'évoque Kurt Vonnegut dans Abattoir 5 (Slaughterhouse V) adapté au cinéma, du largage de deux bombes atomiques au Japon ou de la politique systématique de viol de femmes allemandes sur ordre des supérieurs par les troupes soviétiques après le suicide du Führer dans son bunker de Berlin même si leurs ennemis les avaient précédés en ce domaine - le célèbre procès des dirigeants nazis capturés qui se tint à Nuremberg portait presque moins à l'origine sur la barbarie exercée lors de la guerre, dans laquelle toutes les forces en présence avaient plus ou moins été impliquées (on savait déjà à l'époque que les Soviétiques avaient attribué aux Nazis leurs crimes commis à Katyn), que sur la responsabilité d'avoir entraîné le monde dans un conflit qui avait engendré tout le reste. Cette fascination pour l'héroïsme, totalement dévoyé lorsqu'il amène ses supérieurs à fusiller des hommes désarmés, l'amenant à glorifier la guerre, hantera définitivement Reinecker, son sommeil étant de son propre aveu toujours plus troublé au fil des années par le souvenir de ces années terribles. Pressenti par des nostalgiques de la SS pour écrire une manière de réhabilitation des anciens combattants nazis, il ne s'associera pas à l'entreprise. Au contraire, il contribuera à l'écriture du scénario du film L'Amiral Canaris (Canaris) réalisé en 1954 par Alfred Weidenmann, consacré à un célèbre militaire qui s'associera à Claus Von Stauffenberg pour le projet d'assassiner Adolf Hitler afin de mettre un terme à sa furie guerrière, manière de reconnaître tardivement de quel côté se trouvait finalement la véritable légitimité durant cette période, participant à la réflexion du peuple allemand sur la manière dont on l'avait dévoyé et auquel Herbert Reinecker avait alors contribué en se laissant embrigader du mauvais côté.

Herbert Reinecker, second à droite, membre convaincu de la SS et correspondant de guerre de la 12ème compagnie des Jeunesses hitlériennes qui se sont tristement illustrées en Normandie en 1944.

Poster du film L'Amiral Canaris, une manière de mea culpa d'Herbert Reinecker.

    On peut rappeler au sujet des scénaristes que celle qui adapta l'histoire de son roman pour donner naissance au classique du cinéma MetropolisThea Von Harbou, alors épouse du réalisateur Friz Lang, devint ensuite membre du parti nazi et demeura jusqu'à la fin de sa vie une admiratrice inconditionnelle d'Adolf Hitler. Personne n'a eu pour l'instant l'idée saugrenue de mettre à l'index ce monument du 7ème art, comme on l'a fait avec la série Inspecteur Derrick, les deux œuvres n'ayant pas de rapport direct avec le nazisme, de même d'ailleurs que Les Aventures fantastiques du Baron Münchhausen (Münchhausen), un film de pur divertissement que mit en scène en 1942 Josef Von Baky à la demande du ministre de la propagande Goebbels. Le film Metropolis est sans doute protégé par son statut de classique du cinéma, on est sans doute moins conciliant avec une série qu'on a voulue depuis longtemps ringardiser, de manière très injuste puisqu'on ne traite pas avec la même condescendance les séries policières allemandes homologues comme Tatort, Le Renard ou Un cas pour deux, en estimant au vu de l'opprobre qu'elle ne valait pas la peine d'être défendue, une assertion que le présent site s'attache à démentir.

Fritz Lang et sa femme Thea Von Harbou, future nazie, au travail dans leur appartement.

    Dans l'absolu, on préférerait naturellement que le scénariste de Derrick ait appartenu au camp de ceux qui désapprouvaient le régime nazi plutôt que parmi ceux qui glorifiaient les troupes dont il s'avéra qu'elles étaient amenées à perpétrer des actes effroyables, mais il n'est pas douteux que si celui-là s'était rangé au nombre des opposants les plus résolus au IIIème Reich au lieu de se laisser égarer par la propagande et d'en prendre sa part, il n'aurait plus été là après-guerre pour concevoir la série très inspirée qui nous occupe ici. On peut comprendre que ceux qui ont été marqués par cette période tragique ne désirent pas nécessairement se plonger dans la série Inspecteur Derrick, mais il serait néanmoins regrettable que ces événements du passé interdisent d'apprécier l’œuvre qui appartient à la culture allemande contemporaine, et rayonne bien au-delà. Après la chute du régime, Herbert Reinecker fit une autocritique non équivoque, n'a jamais tenu de propos ambigus en faveur des crimes du nazisme dans lequel il a été embrigadé, de même qu'Horst Tappert, et toute son œuvre est justement pénétrée de réflexion morale sur la nature du Mal. Inspecteur Derrick est une série qui en dit beaucoup sur notre propre époque, montrant la déstabilisation des individus aspirant à la normalité lorsque les repères s'effondrent, que la corruption, l'âpreté au gain, la lâcheté, l'indifférence, font vaciller les certitudes. Plus que l'enquête elle-même, c'est le climat psychologique, le moment du basculement des individus sujets à des conflits intérieurs, qui constitue le véritable intérêt d'Inspecteur Derrick, en faisant une série policière tout à fait singulière, qui mérite mieux que ces controverses fort tardives sur un fragment de vérité qui demeurera sûrement à jamais incomplet et qui n'apporteront probablement guère de consolation aux victimes de ces années terribles.

Le jeune Herbert Reinecker.

La série Inspecteur Derrick a apporté à Herbert Reinecker une notoriété finissant dans l'esprit du public par éclipser ses engagements de jeunesse.

ADDENDUM : Quelques mois après la parution de cet article, le phénomène de stigmatisation des dits "infréquentables" ne cesse de s'étendre à tous ceux qu'on estime "mal pensants". La dernière personnalité à en faire les frais est l'auteur du cycle de romans Harry Potter. Bien que J.K. Rowling soit une féministe déclarée et un auteur de gauche engagé qui a versé un million de livres pour financer le Parti travailliste, on lui fait aujourd'hui grief de ne pas nier la différence des sexes, ce qui reviendrait à mépriser l'identité des personnes transsexuelles. Par conséquent, la chaîne HBO a pris la décision ahurissante, après avoir un temps songé à la censurer totalement, de ne pas l'inviter à la réunion "de famille" de tous ceux qui ont pris part à la saga de films tirés de son œuvre, celle-là ne devant apparaître dans l'émission du 1er janvier 2022 qu'au travers d'images d'archives, exactement comme les indépendantistes irlandais sous l'Angleterre de Margaret Thatcher et comme le chef de l'opposition Lech Walesa à la télévision polonaise communiste. D' Horst Tappert à J.K. Rowling, on est donc passé de jugement sans appel sur des faits supposés au pur procès d'intention (https://usbeketrica.com/fr/article/pourquoi-la-cancel-culture-ne-survivra-pas-a-j-k-rowling).


Sur le même sujet : https://pour15minutesdamour.blogspot.com/2013/05/chez-les-cretins.html

PS : Postérieurement à la publication de cet article, des personnalités médiatiques, Nicolas Hulot, Olivier Duhamel, Patrick Poivre d'Arvor, Jean-Jacques Bourdin, ont été mises à l'écart après la révélation de diverses affaires d'abus voire de viols. Ces découvertes ne retirent rien à la qualité des programmes qu'ils avaient conçus, notamment la très belle émission du premier qui sensibilisait avec un charisme empreint de poésie à la préservation de l'environnement. Evidemment, le décalage apparu entre ces figures publiques et leur conduite privée ne pouvait que mettre un terme à la reconnaissance qu'ils avaient obtenue. Ces scandales sont en l'occurrence imputables à leur comportement individuel, représentant une problématique différente pour l'acteur principal et le scénariste de la série Inspecteur Derrick, dont à ce jour aucun acte répréhensible précis n'a été mis en évidence, mais qui ont d'une certaine façon accordé quelque concours, au moins pour le second volontairement, à une entreprise criminelle collective en tant que citoyens d'un pays belliciste. Après avoir évoqué ici la controverse ayant mis fin aux rediffusions de la série, ce blog aura l'occasion de revenir sur les révélations portant sur le passé de ces figures essentielles en s'interrogeant plus précisément sur leur responsabilité personnelle avec le souci de faire preuve à la fois du recul historique et de justesse lors d'un futur article, Le retour du refoulé.